La police de La Grande-Motte teste un dispositif inédit, ces samedi 26 et dimanche 28 août, en Occitanie. Ces nouvelles barrières permettent de stopper une camionnette d’une tonne et demie lancée à 60 km/h sur à peine cinq mètres.
C’est week-end de carnaval à La Grande-Motte, sur le littoral montpelliérain. Les rues se parent de couleurs mais aussi de nombreux curieux venus assister aux parades sur le front de mer. Comme à chaque manifestation, le casse-tête sécuritaire revient sur la table des collectivités.
À l’occasion des parades de ces samedi et dimanche, la Ville a décidé d’innover en matière de sécurité, en testant de nouvelles barrières anti-voitures-béliers. Répondant au doux nom de « BAAVA » (barrières amovibles anti-véhicule assassin), ce dispositif développé par Haltbrac Défense, une société basée dans les Bouches-du-Rhône, est pour la première fois employé en conditions réelles dans la région Occitanie.
L’expérience israélienne
Les barrières développées par la société provençale s’inspirent directement du modèle israélien commercialisé par Mifram Security, dont le premier client n’est autre que la France. L’entreprise, installée dans un pays malheureusement habitué aux attaques de véhicules-béliers, a déjà vendu ses modèles à 1 500 € l’unité à des villes comme Nice et Paris, où ces barrières sécurisent les abords de la gare de Lyon. Cet été, le dispositif a également été utilisé pendant le festival d’Avignon.
Une rue barrée en quelques minutes
Seize modules étaient disposés ce samedi soir dès 21 h devant le palais des congrès et à l’angle des rues Racine et Mistral lors de la parade de nuit du carnaval. D’autres barreront l’avenue Melgueil dès 16 h ce dimanche, pour sécuriser la parade de jour prévue à 17 h.
Le chef de la police municipale, Jean-Michel Weiss, veut tirer les leçons des derniers attentats, où des véhicules ont servi à semer la mort, comme à Barcelone et Cambrils. « Depuis l’attentat de Nice, l’État impose aux collectivités de prendre des mesures pour la sécurité, sans toutefois dire lesquelles, dit-il. Chacun trouve le moyen de faire face aux menaces. Ces barrières s’installent et s’enlèvent très rapidement. Elles s’adaptent aussi à la largeur de la voirie, il suffit d’ajouter ou d’enlever des modules », explique le chef de la police. Des modules en métal, pesant chacun 30 kg et qui, mis bout à bout en quelques minutes, forment une barrière infranchissable.
Le principe : la barrière bloque les roues avant du véhicule et bascule à leurs contacts. Des herses présentes à la base de chaque module permettent de stopper une camionnette d’une tonne et demie lancée à 60 km/h sur à peine cinq mètres, la clouant au sol. En revanche, plusieurs rangées de barrières sont nécessaires pour stopper un poids lourd.
Plus rentables que les blocs de béton
De plus, le faible poids de ces barrières ne nécessite qu’une à deux personnes pour les installer, quand la sécurisation des voies par des blocs de bétons ou des camions de service demande des moyens humains et financiers beaucoup plus lourds. « Lors de la course des Pyramides (début mars à La Grande-Motte, NDLR), il fallait assurer la sécurité de 6 000 coureurs en barrant les rues avec des blocs de béton, qui nécessitent l’emploi de grues, de camions, détaille Jean-Michel Weiss. En plus, il faut les mettre la veille. Il y a un surcoût pour la ville qui se chiffre entre 20 000 et 30 000 €. »
Les 16 modules de test ont été cédés gratuitement à la municipalité par leur constructeur. Si les essais grandeur nature menés ce week-end s’avèrent concluants, La Grande-Motte pourrait investir dans 18 modules « BAAVA », pour un coût estimé à 6 500 € hors taxe. De quoi prêter main-forte aux 70 policiers municipaux mobilisés tout l’été dans la station balnéaire.