#Urgent Suite à l’évènement dramatique survenu aux abords de l’hôtel de ville de #Rodez Une Cellule d’Urgence Médico-Psychologique est activée à partir de 14h00 à la mairie de Rodez. Un numéro dédié est également mis en place : 05 65 67 54 00
Rodez : le SDF meurtrier présumé avait déjà menacé de mort le patron de la police municipale
Pascal Filoé, directeur général adjoint de la ville de Rodez en charge de six services, dont la police municipale, a été tué au cours d’une agression au couteau, ce jeudi matin, rue Camille Douls le long de la mairie, devant les locaux de la police municipale.
Le suspect défavorablement connu des services de police
Selon un témoin, présent au moment des faits, l’auteur de ces coups de couteau, un sans domicile fixe âgé d’une quarantaine d’années, a été poursuivi par un employé municipal, puis s’est réfugié dans une boutique à proximité avant d’être interpellé. Il n’a opposé aucune résistance.
À quelques mètres du lieu du drame, c’était également la consternation dans la brasserie de la place de la mairie. Peu avant de passer à l’acte, l’agresseur s’y était rendu pour boire un café : « Il avait l’air bizarre mais comme beaucoup de clients qu’un bar peut recevoir… Il a pris deux cafés, les a payés puis il est parti… », témoigne un des patrons de l’établissement. Un de ses serveurs, témoin de la scène, s’est rendu de suite au chevet de la victime : « Le gars lui a dit : va voir la police ou je te plante aussi « , rapporte nos confrères.
La rue Camille-Douls où s’est produite l’agression./ Photo JAT Centre Presse
La victime a succombé à ses blessures malgré l’intervention des secours. / JAT Centre Presse
Le suspect, venu de Marseille, se serait installé en Aveyron voilà seulement quelques mois. Il était défavorablement connu des services de police. Selon nos informations, il avait déjà menacé de mort le patron de la police municipale. Ce mardi 18 septembre, le meurtrier présumé a en effet eu une altercation avec les forces de l’ordre locales. Un incident qui pourrait être directement à l’origine de l’agression de Pascal Filoé, confirme à La Dépêche du Midi une source municipale.
Ce jour-là, les policiers ruthénois avaient été alertés dans la matinée suite au comportement d’un individu avec son chien. Après avoir contrôlé l’individu, les policiers se sont rendu compte que ce dernier, en raison d’une récente condamnation, n’avait pas le droit de détenir un chien classé de cette catégorie, un pitbull. Chien qui n’était pas muselé, lorsque les policiers sont intervenus. Le chien avait été retiré à son maître et amené à la SPA locale.
Selon nos informations, le 11 avril dernier, le même individu avait également dégradé la porte d’entrée de l’Hôtel de ville.
Une cellule d’urgence médico-psychologique a été mise en place à 14 heures à l’hôtel de ville de Rodez. Un numéro de téléphone dédié est également activé : 05 65 67 54 00
Pascal Filoé, âgé de 45 ans et originaire de Nevers, était employé à la mairie de Rodez depuis onze ans. Il avait été nommé directeur général adjoint en charge de la sécurité en septembre 2017. Il était auparavant responsable du service prévention, sécurité publique et réglementation à la mairie et, à ce titre, en charge de la mise en place de la vidéo protection sur la ville. Il supervisait toutes les opérations nécessitant des actions de sécurité publique à Rodez, comme l’arrivée du Tour de France ou l’implantation en ville du festival Estivada. Père de trois enfants, il était très apprécié par l’ensemble de ses collègues et des élus de la mairie de Rodez.
Pascal Filoé était directeur général adjoint de la ville de Rodez en charge de six services dont la police municipale./ Photos CP et archives DDM
Le Procureur de Rodez : le SRPJ saisi pour assassinat
« Ce matin, vers 10h30; dans le centre-ville de Rodez, un homme a été attaqué au couteau. A la suite de cette attaque il est décédé. Nous avons appris ce décès à 12h20. Le mobile est encore inconnue, affirme le procureur de la République de Rodez Olivier Naboulet. Une personne a été interpellé dans les minutes qui ont suivi les faits. Cette personne bénéficie de la présomption d’innocence.
Sur ses motivations, je ne peux pas en dire davantage, son audition est en cours. Les coups ont été porté avec une arme blanche, plusieurs coups selon les premiers témoignages. L’auteur présumé a été interpellé assez rapidement, c’est une personne âgées de 39 ans, c’est un homme.
Pour le moment j’ai saisi le service de la Brigade de sureté urbaine du commissariat de police de Rodez et, conjointement, le SRPJ de Toulouse sous le chef de saisie d’assassinat puisqu’il semblerait que l’acte ait pu être prémédité. Pour le moment c’est toujours le parquet de Rodez qui dirige l’enquête, le parquet de Montpellier sera amené à prendre la suite dans le cadre de l’ouverture d’une information criminelle qui, probablement, aura lieu demain [vendredi, NDLR]. Une autopsie sera réalisée demain dans le courant de l’après-midi ».
L’émotion et l’effroi à Rodez
Ce jeudi, à Rodez, l’émotion et l’effroi se sont emparés des habitants. Cette commerçante près de la place Raynaldy raconte : « J’ai entendu crier dans la rue, les portes de la boutique étaient ouvertes. Je suis allée voir ce qui se passait, j’ai vu un monsieur qui se tenait le ventre glisser du mur, puis s’écrouler par terre. Les policiers municipaux ont couru après l’agresseur. Lui est parti tranquillement, son couteau à la main ».
Selon un Ruthénois qui a souhaité garder l’anonymat, « les gens en ont marre de ces gens accompagnés de chiens, qu’ils ne tiennent même pas en laisse parfois. Ils s’en plaignent de plus en plus. On les voit place Foch, à la cathédrale… La société est de plus en plus violente et on n’agit pas. Même pour un simple regard, vous pouvez avoir des problèmes ».
« J’étais au service de l’état civil de la mairie quand quelqu’un a crié qu’il y avait eu des coups de couteau. Tout le monde s’est affolé, c’était la panique. Je connaissais Pascal Filoé, on voit passer les gens de la mairie. C’est incroyable que ça se soit passé à Rodez. J’y suis depuis 35 ans, je n’ai jamais connu ça. En fait, on n’est à l’abri nulle part. J’éprouve ce qu’ont ressenti les Parisiens après le drame du Bataclan », s’attriste une autre commerçante.
« Les mots nous manquent pour exprimer notre tristesse et notre désarroi
Le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, déclare sur Twitter « partager la douleur des habitants de Rodez après l’attaque ignoble qui a visé le responsable de leur police municipale ».
Sur ce même réseau social, la présidente de la région Occitanie, Carole Delga, exprime sa « stupeur », et sa « profonde indignation ».
Le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, s’est dit « consterné et abasourdi » avant d’ajouter qu’il était « insoutenable de voir des représentants de nos forces de police, qui méritent gratitude et respect, victimes de tels actes inqualifiables ».
Plusieurs députés ont également fait état de leur émotion. Le maire Les Républicains de Nice Christian Estrosi s’est pour sa part déclaré « indigné ». « Nos policiers municipaux comme nationaux sont victimes chaque jour d’attaques dans des conditions de travail très difficiles », a-t-il insisté sur Twitter.
La députée de l’Aveyron Anne Blanc se dit « profondément choquée et émue » et salue « l’engagement et le dévouement des représentants de nos forces de police : de tels actes sont intolérables ».
Jean-Michel Weiss, secrétaire national de la Fédération Autonome de la Fonction Publique Territoriale en charge de la police municipale, a réagi dans un communiqué : « Les mots nous manquent pour exprimer notre tristesse et notre désarroi en apprenant cette catastrophe (…) nous sommes particulièrement atterrés face à cet homicide volontaire à l’encontre de ce cadre territorial »
Les faits se sont déroulés dans une des rues qui longe la mairie de Rodez./ Photo JAT Centre Presse