« Ma cliente voulait venir à l’audience mais elle a eu peur », décrit le conseil de cette vieille dame qui, ajoute l’avocate, « n’en revient pas d’avoir été agressée comme ça chez elle ».

La prévenue, une femme âgée de 30 ans, n’est pas là non plus pour s’expliquer mais les faits rapportés par Tiffany Ganin, la présidente de l’audience correctionnelle ce mercredi, en disent déjà beaucoup.

C’était le 15 mai dernier, dans une résidence de la rue Gaston-Defferre (derrière le centre commercial des 4 As) où vivent les protagonistes de cette triste histoire. Une histoire de parking.

Lassée de voir que sa place de stationnement est régulièrement squattée par d’autres, malgré la présence d’un cône visiblement guère convaincant, cette habitante du quartier depuis 35 ans, octogénaire, s’empare ce matin-là de son appareil photo jetable et se rend sur son balcon pour immortaliser l’adulte et l’enfant qu’elle voit près de sa place de parking. Il n’en faut pas plus pour déclencher une réaction de la jeune femme visée. Elle dira avoir été insultée mais les témoins ont seulement entendu des noms d’oiseaux fuser de bas en haut.

Bombe désodorisante

Sa colère monte en même temps qu’elle se rend à l’étage de la vieille dame pour tambouriner à sa porte jusqu’à ce qu’elle ouvre. Ce qu’elle fait, non sans l’accueillir au passage d’un jet de bombe désodorisante. La trentenaire répond par un coup de poing au torse, elle lui tire les cheveux et la pousse dans la salle de bains tout en bloquant la porte pour l’empêcher de sortir, le temps que sa nièce, 12 ans d’âge, soit chargée d’aller récupérer l’appareil photo dans le salon.

La police intervient et trouve l’agresseuse dans la cage voisine, avec l’appareil. Majeure et mineure sont embarquées au commissariat. La jeune femme fera valoir son droit à l’image pour expliquer sa réaction. « Dans ce cas, on dépose plainte », préfère la représentante du ministère public en requérant six mois de prison pour ce vol avec violence. L’octogénaire, qui a patienté « trois heures aux urgences » pour finalement préférer aller se faire examiner par son médecin traitant, s’est vue délivrer sept jours d’ITT. « Elle voulait faire peur avec son appareil », plaide son conseil, « elle dit s’être fait rouer de coups. » L’avocate décrit l’ambiance dans le quartier : « il y a de nombreuses incivilités qui prennent le pas sur le respect, le civisme… Tout le monde se gare n’importe où. Il faut mettre un cône pour faire comprendre que le stationnement est réservé. Les enfants jouent avec. »

Et, ajoute le conseil, « il n’y a plus de cône sur sa place maintenant ».

La prévenue a été condamnée à six mois de prison dont moitié avec sursis. Elle devra dédommager la victime à hauteur de 500 € et régler les frais de procédure, soit 350 €.

Philippe BROUILLARD