Rouen et son agglo : des usagers de la route moins prudents en 2017
Sécurité routière. Alors qu’elle fait déjà preuve d’une certaine tolérance sur certains gestes et malgré de nombreux contrôles, la police nationale note un relâchement accru des usagers de la route en 2017. État des lieux.
Entre les barjots de l’auto qui roulent à tombeau ouvert, les dingos qui ont tout faux à coller beaucoup trop… les forces de l’ordre auront toujours de quoi faire en matière de sécurité routière. Dans l’agglomération rouennaise, la police nationale assure ne pas courir après les chiffres. « L’objectif n’est pas d’augmenter les verbalisations mais de faire passer un message aux usagers », commente le commandant Casorla, patron des unités de sécurité routière de la police nationale pour la circonscription Rouen-Elbeuf (elle compte 34 communes et correspond à peu près au territoire métropolitain). Ce message de « prévention » et de « sensibilisation » passe, bien entendu, par des contrôles (vitesse, portable, ceinture…) mais aussi par de nombreuses campagnes auprès des jeunes, notamment dans les écoles.
En attendant les radars embarqués confiés au privé
Malgré ces efforts, la tendance est au « relâchement », confie le commandant, chiffres à l’appui. Depuis le début de l’année (jusqu’à fin août), les agents ont réalisé 842 sorties (soit une moyenne de trois à quatre par jour) pour des contrôles de vitesse dont 251 avec jumelles, parmi lesquels une moto flashée à 183 km/h au lieu des 90 km/h le 17 juillet en plein après-midi sur la Sud II (la D418 reliant le rond-point des Vaches à la Sud III). Sur la même période, la police nationale a enregistré 400 feux rouges grillés.
De manière générale, la police nationale assure ne pas faire de zèle. Vu le nombre d’automobilistes accélérant pour attraper le feu rouge, les fonctionnaires ont suffisamment de quoi faire et délaissent les feux orange. « Cela reste à l’appréciation de l’agent », précise à bon entendeur le commandant Casorla. Un feu orange bien mûr brûlé rue Jeanne-d’Arc aux abords d’un passage piétons fréquenté, par exemple, sera sanctionné comme il se doit. La logique est la même pour le portable. L’envoi d’un SMS à l’arrêt (au feu rouge) ne sera pas sanctionné. En théorie. Là encore, on note le signe d’un relâchement. L’usage du portable a ainsi été sanctionné à plus de 1 000 reprises. Idem pour une absence du port de la ceinture de la sécurité (instaurée dès 1973) 270 fois.
Côté vitesse, les grands axes (boulevard des Belges, quais hauts et bas…) propices aux grandes accélérations sont logiquement dans le viseur des policiers. Mais là encore, la volonté serait de s’adapter à la réalité de la circulation. Sur les boulevards du Mont-Riboudet, dont la limitation à 50 km/h semble avoir été oubliée par la grande majorité des usagers, « il y a très peu de 56 km/h » parmi les PV dressés, glisse le gradé, en référence à la valeur minimale que le radar peut relever pour une telle vitesse.
Gérard Blottière, président délégué de l’Automobile club Normandie, est un peu moins enthousiaste. Selon lui, le contrôle reste essentiellement « à l’appréciation de la personne. De là à dire qu’il y a de la tolérance, c’est un grand mot, juge-t-il. J’espère que c’est le cas. » La récente actualité sur les radars embarqués confiés au privé, bientôt testés en Normandie, n’est pas là pour rassurer les associations d’automobilistes et ce, malgré les garanties apportées par le gouvernement : « Le conducteur ne saura pas quand il flashe, il ne décidera pas du parcours et il n’aura pas accès au boîtier, rappelle Gérard Blottière. Mais on reste dubitatifs. Est-ce qu’il n’y aura vraiment pas de résultats à respecter ? »
« Nous ne sommes pas réticents, ajoute pour sa part le commandant Casorla. Mais nous n’avons pas encore tous les tenants et les aboutissants. Nos véhicules seront-ils rétrocédés ? Ou les voitures confiées au privé viendront-elles s’ajouter aux nôtres ? » En tout cas, « cela peut venir en complément et nous permettre d’être plus efficaces ».
Il est certain qu’avec 53 fonctionnaires dédiés à la lutte contre l’insécurité routière, une moto banalisée, un radar embarqué flashant dans tous les sens, un véhicule radar fixe et quatre jumelles, la police nationale n’aura logiquement jamais les moyens d’être partout.
La genèse des contrôles
En dehors des sorties habituelles, les contrôles sont déclenchés par les accidents.
Une commission départementale de sécurité routière se met systématiquement en place, regroupant toutes les autorités compétentes (Ville, préfecture, forces de l’ordre…), et réfléchit aux aménagements nécessaires.
Cela peut nécessiter de fermer l’axe pendant quelque temps. Comme ce fut le cas avec la bretelle de sortie quittant la D938 pour passer sous la Sud III en direction de Petit-Couronne. En venant du Zénith (après avoir emprunté les deux giratoires), cette bretelle permet de quitter très rapidement la route limitée à 110 km/h. Un après-midi d’octobre 2016, une automobiliste seule en cause a terminé sa course contre un pilier du pont de la Sud III, après avoir emprunté cette fameuse bretelle. La conductrice est décédée sur place.
Bientôt un an plus tard, la route est toujours inaccessible. La Métropole a repris cet axe au Département en 2016 mais la question reste à savoir qui paiera les aménagements ? L’État comme le souhaite la collectivité ? Dans tous les cas, il faudra poser des glissières de sécurité et reprendre le revêtement. Et sûrement revoir la vitesse passant soudainement de 110 à 30 km/h.. « On fait tout notre possible pour que ce soit fait d’ici la fin de l’année », promet la Métropole.
Quand ce n’est pas à la suite d’un accident, les contrôles peuvent être déclenchés avant. En ville, lorsque des riverains en font la demande, un compteur de voitures est parfois installé dans une rue où la vitesse est jugée a priori excessive. Un tel équipement était justement installé rue Capucine à Rouen, ces derniers jours, pour dresser un constat.
« UN FLÉAU »
Christophe HUBARD |
Source:: Rouen et son agglo : des usagers de la route moins prudents en 2017