Sur la vitrine d’un atelier de couture de la rue Luce de Casabianca, une collection de contraventions est livrée en guise de démonstration de » la tolérance zéro » appliquée depuis plusieurs mois dans cette artère commerçante.
Un sandwich qui peut coûter 135€ d’amende…
Le problème est concentré sur cette petite rue, à sens unique, où la double file est reine. « Il ne s’agit pas de contester la loi mais c’est son application excessive et abusive que nous dénonçons », lance Herman qui tient entre les mains deux PV en date du 9 novembre. L’un a été établi à 18 h 51, le second à 18 h 52 pour une somme de totale de 170 euros.
Pour le boulanger du quartier, cette situation, nuit à l’activité. Il partage alors une des mauvaises expériences vécues par des clientes habituelles. Après avoir mangé sur le pouce, elles ont trouvé une note salée sur leur voiture mal garée. « Le sandwich leur a coûté cher. »
La coiffeuse intervient à son tour : « J’ai des clients qui sont venus pour une coupe homme à 20 euros et qui sont repartis avec 135 euros d’amende. On peut comprendre qu’ils n’aient plus envie de venir et préfèrent quitter la ville pour aller dans d’autres salons », lance Salwa. Au-delà de l’amende, ce qu’elle conteste c’est la qualification du PV. « Qui peut faire grimper l’amende. De nombreux conducteurs sont alignés non pas pour stationnement gênant mais pour stationnement très gênant, la différence se chiffre à 100 euros ! »
Les exemples ne manquent pas. Dans la conversation matinale, chacun vient apporter une nouvelle histoire d’amende.
À plusieurs reprises, ils ont tenté des recours sans succès.
Nul ne peut d’ailleurs contester être adepte de la double file. « On laisse des numéros ou des noms sur le pare-brise et on surveille. Cela, c’est toujours fait. La police municipale ne nous aligne pas, elle tolère », confient les riverains de Luce de Casabianca.
Une tolérance admise mais pas partagée
En se rapprochant de la police municipale, on apprend qu’une note aurait en effet été rédigée pour demander de faire preuve d’une certaine bienveillance. Entre deux mots, il serait recommandé de dégainer moins vite les PV pour apaiser les tensions. Encore une fois sans succès. « Je suis aussi descendu au commissariat. Ils m’ont expliqué que c’était les compagnies de CRS qui verbalisaient. Le problème c’est qu’elles changent régulièrement. » Une information confirmée quelques minutes plus tard par un CRS en personne, de patrouille dans la rue. Les commerçants ont pris l’initiative de l’interpeller sur la situation.
À la lecture des contraventions, les auteurs ont vite été identifiés. Ce sont en grande partie les CRS ! « Ils passent et scannent les plaques. Quelques jours plus tard, on reçoit le courrier. Certains camions de CRS se mettent même en double file pour verbaliser les usagers qui le sont aussi. »
Tous savent que ce mode de stationnement est interdit mais « s’il disparaît, ce sont nos commerces qui ferment. Et puis, ce n’est en rien dangereux. Si des secours doivent passer, les gens ne sont jamais très loin ».
Entre ce que dit la loi et les conséquences de son application dans cette artère commerçante, les discussions sont loin d’être closes. Les commerçants n’ont pas fini de compléter leur fâcheuse collection d’amendes.