Savez-vous pourquoi la police de Metz a été créée il y a 46 ans ?
Fin mars 1974, le RL titrait « Drôle de poisson d’avril pour les Messins ! » Une (mini) police municipale venait d’être créée. Pas pour des raisons de sécurité. Mais uniquement pour verbaliser le stationnement payant. Une histoire cocasse… car c’est un médecin en rogne qui a déclenché toute l’affaire.
En ce temps-là, c’est-à-dire il y a 46 ans, les parcmètres de Metz étaient tout neufs ! Le principe même de payer pour garer sa voiture au centre-ville était nouveau. Sa mise en œuvre qui date de novembre 1970 ne concernait que les places Saint-Louis, Saint-Simplice et du Quarteau.
Le 1er avril 1974, une mini-brigade de quatre agents s’élançait pour la première fois dans les rues de Metz. Sa mission : contrôler les parcmètres. Pas plus pas moins.
Rien à voir avec les équipes de nuit qui aujourd’hui sillonnent la ville pour renforcer le sentiment de sécurité. La bande des quatre n’avait pas non plus vocation à accourir dès qu’un commerçant actionnait le bouton-pressoir sous le comptoir comme ce sera bientôt le cas dans la métropole messine. Non, ces « pervenches » au masculin (ou plutôt « aubergines », comme on appelait ces dames jusqu’en 1977, du fait de la couleur de leur uniforme), n’avaient qu’une seule et unique mission : mettre des prunes sur les pare-brise !
L’origine de cette police municipale est en réalité assez cocasse. André Bonneau, journaliste au Républicain Lorrain, en a fait le récit dans l’édition du 27 avril 1974. Il raconte qu’avant l’instauration de cette police locale, les automobilistes devaient s’acquitter d’un chèque de stationnement qu’ils remettaient à un placier-receveur. Mais quand la Ville a élargi le périmètre des zones payantes, avec notamment le secteur de la gare, le personnel s’est retrouvé surchargé de travail.
En octobre 1972, le conseil municipal a opté pour un mode d’exploitation en concession et a choisi la Société des garages souterrains. En deux ans, les parcmètres ont fleuri sur les trottoirs messins, passant de zéro à près de 600 ! Ça n’a pas plu évidemment. Les riverains ont dû choisir entre payer 0,40 F toutes les demi-heures (et bientôt 0,50 F) ou marcher. Les médecins, indignés de devoir payer leur écot pour faire leurs consultations, se sont fendus d’une pétition. Mais leur argumentaire a été rejeté en bloc par le maire divers-droite Jean-Marie Rausch.
Cet épisode n’est pas sans rappeler le mécontentement des personnels de santé en 2019 lorsque la tarification du stationnement a été modifiée sous Dominique Gros. Les praticiens et infirmières ont alors obtenu de la Ville trente minutes de gratuité.
Il y a 46 ans, en revanche, la mairie est restée inflexible. Un médecin a alors décidé d’engager un bras de fer. Refusant de payer ses tickets, il a laissé les papillons s’accumuler sur son pare-brise. Cependant, le 18 décembre 1973, le tribunal de police qui l’avait convoqué a décidé de… l’acquitter sous prétexte que les agents n’étaient pas assermentés pour dresser des PV ! Il s’en est suivi un trimestre de chômage technique pour les contractuels dont les Messins ne se sentaient plus redevables. Pour la Ville, qui voyait fondre ses recettes de parcmètres, il est devenu urgent de mettre en place des agents de police judiciaire.
C’est ainsi qu’est née la police municipale de Metz. Le 1er avril 1974, donc, il ne s’agissait pas d’un poisson. Mais bien de quatre hommes coiffés d’un képi pour contrôler exactement 570 parcmètres.
Aujourd’hui, Metz compte 4 800 places payantes en voirie. Ce sont les agents de la société Streeteo, du délégataire Indigo, qui contrôlent et verbalisent les contrevenants. Sans ces recettes – de 3,9M€ en 2020 pour 2,1M de tickets – « la Ville ne pourrait pas boucler son budget municipal », a concédé le maire François Grosdidier lors du conseil municipal de décembre 2020. D’autant que le poste consacré à la sécurité augmente sensiblement : la Ville vient d’embaucher 20 nouveaux agents municipaux (ils sont 115 au total) et compte ajouter 850 caméras de surveillance supplémentaires.