Sécurité du quotidien – Gérard Collomb lance aux Tarterêts les quartiers de reconquête républicaine
Trois cents policiers arrivent en renfort dans les 15 premiers quartiers de reconquête républicaine identifiés par le gouvernement. Cette annonce faite par Gérard Collomb, en visite le 18 septembre dans le quartier des Tarterêts à Corbeil-Essonnes, signe le lancement opérationnel de ce dispositif phare de la police de sécurité du quotidien dévoilée en février dernier.
Gérard Collomb a dressé un point d’étape, le 18 septembre aux Tarterêts, sur la démarche de police de sécurité du quotidien lancée sept mois auparavant (voir notre article La nouvelle police de sécurité du quotidien démarrera en septembre dans 15 quartiers du 9 février 2018). Occasion de donner le « coup d’envoi » des quartiers de reconquête républicaine(QRR), dispositif phare de la démarche.
Le ministre de l’Intérieur a en effet choisi ce quartier de Corbeil-Essonnes, pour annoncer l’arrivée de 300 fonctionnaires de police supplémentaires, d’ici à fin décembre, dans les 15 premiers quartiers de reconquête républicaine. Il se rendra par ailleurs, ce jeudi 20 septembre, en Seine-Saint-Denis, pour signer la convention de partenariat d’Aulnay-sous-Bois / Sevran*.
Pour rappel, une seconde vague de 15 autres quartiers de reconquête républicaine déjà identifiés (voir notre encadré) sera déployée d’ici l’été 2019. Une troisième vague de 30 quartiers s’en suivra, pour accomplir la promesse présidentielle de 60 quartiers de reconquête républicaine à la fin du quinquennat. Au total, 1.300 effectifs supplémentaires y seront affectés d’ici 2020.
Un « plan de reconquête républicaine » élaboré cet été dans chaque quartier
Les Tarterêts et Gros Saule-Beaudottes accueilleront respectivement 30 et 20 policiers supplémentaires. Quatre autres QRR de la première vague bénéficieront de 30 policiers de plus : Le Mirail à Toulouse, Lyon 8e, Lille sud-Fives et les Quartiers Nord, 3e, 14e, 15e de Marseille. Ceux qui en accueilleront 20 sont un peu moins nombreux : La Mosson et La Paillade à Montpellier, Les Mordacs à Champigny-sur-Marne et Le Neuhof-la Meinau à Strasbourg. Les autres sont sur des effectifs supplémentaires de 10 ou 15.
Mais la reconquête républicaine ne se limite pas au renforcement des forces de sécurité. Les « plans de reconquête républicaine » élaborés cet été par les préfets pour chaque quartier devaient aussi intégrer trois autres axes : le partenariat avec les acteurs locaux et le contact renforcé avec les habitants ; la lutte contre les trafics ; l’amélioration de la qualité de vie.
En l’occurrence, la lutte contre les trafics (stupéfiants, armes, prostitution, économie souterraine, trafics de voitures…) serait améliorée avec la mise en place de cellules de lutte contre les trafics (CLCT), dont la première a été installée le 23 août en Essonne. Pour démanteler les réseaux, la mise en commun des informations des services de police de terrain (BAC, BST…) et de la police judiciaire au sein des cellules de renseignement opérationnel sur les stupéfiants (Cross) sera généralisée à tous les quartiers de reconquête républicaine. La méthode avait été développée à Marseille et Paris, puis à Toulouse, Lyon, Montpellier et Lille.
Brigade territoriale de contact, brigade spécialisée de terrain, groupe de sécurité de proximité…
En matière de présence sur la voie publique, « les renforts seront sur le terrain », assure le ministère de l’Intérieur. Une « brigade territoriale de contact » de 20 effectifs, qui « disposera des tablettes et smartphones NEO » sera mise en place à Aulnay-Sevran. A Lyon, il sera créé une « brigade spécialisée de terrain de 15 personnels ». Dans plusieurs quartiers QRR, les horaires de travail des services de police seront étendus aux « horaires où la délinquance est plus forte ». À Bordeaux, le « groupe de sécurité de proximité » patrouillera ainsi jusqu’à 2h00 du matin (au lieu de 20h00). À Pau, des patrouilles conjointes police nationale/police municipale seront mises en place « pour mieux mailler le territoire » et une brigade VTT sera créée.
Plusieurs quartiers mettront en place des dispositifs anti-rodéo ainsi que les y encourage la loi du 3 août 2018. Selon le ministère de l’Intérieur, 48 procédures ont été engagées par les forces de police et gendarmerie depuis la promulgation de la loi.
Beaucoup de quartiers mettent en avant des opérations intégrant police nationale et police municipale, voire la mise en place de patrouilles « mixtes ». A ce propos, le ministère de l’Intérieur a confirmé qu’il indiquera à « la fin de l’année » les suites opérationnelles qu’il entend donner au rapport Thourot-Fauvergue visant à mieux associer, dans un « continuum de sécurité », forces nationale, polices municipales et sociétés privées de sécurité. Il s’apprête à engager la concertation qui associera les représentants des élus, des polices municipales, des gardes champêtres et des entreprises de sécurité (voir aussi notre article ci-dessous du 14 septembre 2018)
Vers une nouvelle relation avec la population ?
En matière de renforcement du lien avec la population, Gérard Collomb assure qu' »un effort particulier sera fait pour accueillir les attentes de la population et lui rendre compte de l’action conduite ». À Marseille, des conseils d’arrondissement ont ainsi été créés avec les services de police, les élus et les habitants. À Trappes, le commissaire et le chef de circonscription tiendront des permanences bimensuelles au commissariat pour recevoir les habitants sans rendez-vous. Des groupes d’échanges police-mairie-habitants sont prévus à Bordeaux. À Montpellier, c’est un comité de pilotage maire-préfet qui est chargé de définir la stratégie de partenariat dans le quartier. À noter aussi des échanges renforcés avec les bailleurs sociaux, comme à Besançon. Des enquêtes de satisfaction seraient réalisées dans chaque quartier.
Concernant l’accueil, des efforts semblent à l’œuvre en direction des victimes : Le Mirail prévoit un « meilleur accueil des victimes avec l’appui renforcé d’un psychologue », Trappes veut « renforcer le pôle psychosocial du commissariat » et Aulnay-Sevran met en place deux « intervenants sociaux » dans ses deux commissariats. Nouméa et Pau annoncent également des projets dans ce sens.
*Comme près de la moitié des « quartiers de reconquête républicaine », celui-ci est composé de plusieurs quartiers : Le Gros Saule (à Aulnay) et Les Beaudottes (à Sevran).
15 quartiers de reconquête républicaine déployés en septembre 2018 : Ousse et Saragosse (Pau) ; Le Mirail (Toulouse) ; Bordeaux maritime ; Pierre Lenquette, Montravel et Tindu (Nouméa) ; Le Bois l’Abbé et Les Mordacs (Champigny-sur-Marne) ; ZSP (Trappes) ; Lochères (Sarcelles) et Dame Blanche (Garges) ; Lille sud-Fives ; Gros Saule (Aulnay) et Les Beaudottes (Sevran), Le Neuhof et La Meinau (Strasbourg) ; Les Tarterêts (Corbeil-Essonnes) ; Planoise (Besançon) ; Lyon 8eme, La Mosson-La Paillade (Montpellier) ; Quartiers Nord, 3e, 14e, 15e (Marseille).
15 quartiers de reconquête républicaine déployés en janvier 2019 : Pissevin-Valdegour (Nîmes) ; Malakoff, Bellevue et Dervaillères (Nantes) ; La Chapelle (Paris) ; Mont-Gaillard et Montchovet (Le Havre) ; Les Hauts d’Asnières, Le Luth et Jean Fossé (Asnière-Gennevilliers-Colombes) ; Beau Marais et le centre-ville de Calais ; Quartier Intercommunal Blanc Seau, Croix Bas et Saint Pierre (Roubaix-Tourcoing) ; Hauts de Creil ; Bellevue et Wiesberg (Forbach) ; ZSP et Cours des Roches (Torcy) ; Cours du Luzard (Noisiel) ; Bourtzwiller (Mulhouse) ; Les Minguettes (Vénissieux) ; Montchovet, Tarentaize-Beaubrun, La Cotonne et Montreynaud (Saint-Etienne) ; L’Ariane et Les Moulins (Nice) ; Saint-Charles (Marseille).
20 départements en zone gendarmerie : Ain, Calvados, Charente-Maritime, Finistère, Gard, Haute-Garonne, Gironde, Hérault, Ille-et-Vilaine, Isère, Loire-Atlantique, Oise, Puy-de-Dôme, Bas-Rhin, Rhône, Haute-Savoie, Deux-Sèvres, Vendée, Guyane, Mayotte.
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