Sécurité Les quartiers sensibles minés par la délinquance
Les quartiers défavorisés restent des terreaux pour l’insécurité. Les habitants y sont davantage victimes d’atteintes aux personnes et aux biens. Ils sont aussi surreprésentés parmi les auteurs de faits de délinquance commis sur l’ensemble du territoire.
Les habitants des quartiers prioritaires de la ville (QPV) se sentent beaucoup plus en insécurité que les autres Français et ce n’est pas une simple impression. Ce fossé se voit dans les plaintes enregistrées par la police et la gendarmerie, ainsi que dans les enquêtes de victimisation.
La proportion d’habitants qui déclarent avoir été victimes d’un vol de voiture ou de violences sexuelles hors ménage est deux fois plus élevée que sur le reste du territoire. Les personnes domiciliées dans les QPV sont également plus exposées aux violences physiques.
Vols avec violence : quatre fois plus impliqués
Les habitants des quartiers défavorisés sont davantage victimes, mais ils sont aussi plus souvent impliqués dans les actes de délinquance commis sur l’ensemble du territoire. « Les habitants des QPV sont surreprésentés parmi les personnes mises en cause par la police et la gendarmerie », observe la note du service statistique du ministère de l’Intérieur.
Cette surreprésentation des habitants des QPV est particulièrement flagrante pour les vols avec violence commis avec ou sans arme : un ratio de suspects quatre fois supérieur à la moyenne nationale. Les habitants des QPV sont impliqués 2,7 fois plus dans les homicides et deux fois plus dans les plaintes pour coups et blessures volontaires. Ils sont également surreprésentés dans les affaires de viols et d’agressions sexuelles mais beaucoup moins pour les agressions sexuelles intrafamiliales.
L’échec des politiques de la ville
Ces quartiers gangrenés par l’insécurité et la délinquance illustrent une nouvelle fois l’échec des politiques de la ville menées depuis des décennies. Emmanuel Macron l’a reconnu dans son discours du 2 octobre aux Mureaux (Yvelines) sur la lutte contre les séparatismes : « Nous avons nous-mêmes construit notre propre séparatisme, c’est celui de nos quartiers, la ghettoïsation que la République a laissé faire ».
Mi-novembre, 150 maires ont tiré la sonnette d’alarme sur la situation des quartiers défavorisés qui s’est encore dégradée avec la crise du Covid-19. Ils réclament dans une lettre ouverte que l’État réserve 1 % des 100 milliards d’euros du plan de relance aux territoires « en décrochage ». Ces élus de toutes sensibilités politiques déplorent l’enterrement du plan Borloo que le président avait demandé à l’ancien ministre délégué à la Ville en 2018.