Sécurité Pas d’armes mais plus de moyens
Extension de la vidéo-protection, création d’une brigade équestre, implantation d’une maison de la justice et du droit… La Ville de Clermont apporte une réponse multicritères à la question de la sécurité. « Sans tabou », selon le maire.
« La question de la tranquillité publique n’est pas taboue à Clermont-Ferrand. » D’emblée, Olivier Bianchi donne le ton. Oui, une ville de gauche peut employer les mots « sécurité », « ordre » ou « répression » sans avoir quoi que ce soit à se reprocher. Mais non, il ne faut pas apporter de réponse simpliste à ce genre de défi. La sécurité, c’est aussi un problème culturel, éducatif, sportif et associatif. Un sujet complexe donc, qu’il convient de traiter de manière transversale. « Il faut traiter la chaîne dans son ensemble. Ne pas simplifier pour faire le buzz » insiste le maire, qui se refuse autant au « laxisme » qu’à l’ « excitation. » Une méthode qui apparemment porte ses fruits : « Des polices viennent nous voir pour savoir comment on travaille » se félicite Jérôme Godard, adjoint à la sécurité.
Une brigade équestre
Pour Olivier Bianchi, la question de la sécurité ne se résume pas à l’armement de la police municipale ; armement qu’il continue de refuser pour trois raisons. Primo, pour éviter que les policiers ne se mettent en danger. Deusio, parce qu’une arme n’empêche pas de se faire abattre. Enfin, parce que les pistolets ne sortent quasiment jamais de leurs étuis, selon l’édile.
En revanche, la municipalité investira plus de 100.000 € dans des moyens de communications, des caméras-piéton ou des gilets pare-balles. Des mobylettes électriques made in Auvergne seront même déployées. Propres, maniables, discrètes, elles visent à « remettre de la police de proximité »
là où il en manquait.
Autre moyen de locomotion « apaisé » à voir le jour : les chevaux. Une brigade équestre circulera dans les parcs et le centre-ville de mi-juin à octobre. Une expérimentation se déroule en ce moment avec l’école des Gardes à Cheval de Soissons-Cuffies. Les boxes sont installés au jardin Lecoq. « Il s’agit d’une demande des policiers. C’était de ma responsabilité hiérarchique de dire allons-y, il faut le faire » souligne Olivier Bianchi.
Pour rendre la police plus visible et plus proche des habitants, l’îlotage sera également renforcé. Enfin et surtout, la Ville aura procédé au recrutement de treize policiers municipaux d’ici la fin du mandat, portant l’effectif global à cinquante.
39 caméras en plus
Parmi les autres mesures phares, signalons l’extension du périmètre de la vidéo-protection. Aujourd’hui, 29 caméras sont déployées sur le parcours du tram, vers la gare et dans les quartiers Mazet-Boucherie-Saint-Pierre. Le dispositif va être étendu de la place Gaillard aux Salins, via la rue du 11-Novembre, l’avenue des Etats-Unis, le mail d’Allagnat, les rues Blatin, Gonod, des Gras ou Giscard-de-la-Tour-Fondue. Soit un total de 39 caméras supplémentaires d’ici la fin de l’année pour un coût de 450.000 €.
Si la répression est utile, la Ville misera aussi sur la prévention, en signant une nouvelle charte des terrasses et de la vie nocturne, en acceptant davantage de personnes condamnées à des travaux d’intérêt généraux ou en créant une maison de la justice et du droit à Saint-Jacques. Rappels à l’ordre et mesures de réparation pour les faits de dégradations seront également mis en place en coopération avec le Parquet.
Enfin, diverses mesures en direction des jeunes vont être adoptées. Par exemple, un conseil pour les droits et devoirs des familles. Cette structure – obligatoire dans les communes de plus de 50.000 habitants – sera destinée à accompagner les parents de mineurs en difficulté. Il s’agira davantage de soutien que de sanctions.
Côté scolaires – parce que le civisme passe aussi par l’école… – les actions de prévention seront intensifiées (éducation routière, transports en commun, citoyenneté…) Un « Pass’3e » sera également créé. Il permettra aux élèves « sans réseau professionnel familial » de faire un stage en mairie. Olivier Bianchi lui-même donnera de sa personne. Une manière de faire de l’instruction civique vivante.
Malgré toutes ces mesures, le maire assure qu’il est « illusoire » de croire qu’on peut vivre dans une société sans risques. Il demande aussi à chacun de prendre ses responsabilités pour préserver le vivre-ensemble. Sermonner avec fermeté un ado hilare qui dégrade un équipement public ? Lui-même l’a déjà fait…
La police municipale en chiffres
19.500 appels reçus chaque année
4.400 personnes reçues
1.664 heures de patrouille VTT
1.000 heures de patrouille de proximité
700 heures d’îlotage en quartier prioritaire
180 voitures-ventouses et 17 épaves enlevées
83 médiations en conflits de voisinage