J’invite ce soir mes followers soucieux de l’État de droit à twitter massivement pr que le hashtag #FreeTariqRamadan soit le plus relayé. Car il est insupportable qu’un homme gravement malade reste incarcéré sur la base d’un dossier boiteux. Respect à la présomption d’innocence.
Tariq Ramadan. Mobilisation grandissante autour du théologien poursuivi pour viols
Depuis quelques semaines, des voix s’élèvent, notamment dans le monde musulman, contre le traitement judiciaire du théologien Tariq Ramadan accusé de viols et écroué depuis février.
Alors que la justice a rejeté sa demande de remise en liberté jeudi, de plus en plus de sympathisants, notamment dans le monde musulman, prennent la parole et s’émeuvent du sort réservé à l’islamologue Tariq ramadan, poursuivi pour « viols ». Pétition, « tempête » de tweets, vidéos de l’épouse… Le maintien en détention de l’intellectuel suisse a déclenché une campagne de protestation de la part de militant mais aussi de recteurs de mosquées reconnus.
Certains estiment sa présomption d’innocence bafouée et son état de santé ignoré.
La cour d’appel de Paris a décidé jeudi de maintenir en détention provisoire le conférencier, qui clame son innocence et avait demandé sa remise en liberté en affirmant souffrir d’une sclérose en plaques et d’une neuropathie. L’expert médical désigné par la chambre de l’instruction a toutefois jugé son état compatible avec une mise en détention.
Une manifestation devant le palais de justice
Dans la rue, la mobilisation a été jusqu’alors très modeste. Environ 80 personnes se sont rassemblées jeudi devant le Palais de justice de Paris pour protester contre son maintien en détention. Samedi dernier, à Casablanca (Maroc), une « conférence de solidarité avec Tariq Ramadan » s’était transformée en rassemblement d’une quarantaine de manifestants.
C’est sur internet que les soutiens se comptent et relaient la riposte. Elle s’est organisée autour du mouvement « Résistance & Alternative » créé fin janvier pour continuer à promouvoir la « pensée » du petit-fils du fondateur de la confrérie des Frères musulmans, qui a toujours affiché un discours réformiste quand ses détracteurs y voyaient le projet d’un islam politique.
Un soutien sur Twitter
Des proches de l’intellectuel ont lancé sur les réseaux sociaux des comptes #FreeTariqRamdan. Sous ce mot-clé, une « tweetstorm » (tempête de tweets) a été lancée, de même qu’une pétition en ligne affichant plus de 100 000 signatures pour la libération du « Professeur Tariq Ramadan ». Nabil Ennasri, porte-parole des Indigènes de la République appellait ses followers à respecter la présomption d’innocence.
La campagne a relayé deux vidéos de la femme du théologien, Iman Ramadan, respectivement visionnées près de 700 000 et plus de 160 000 fois. « Il y a tout lieu de se poser des questions et de se demander si derrière tout ça, il n’y a pas une vraie volonté politique à vouloir garder mon mari en prison », argue l’épouse dans la seconde vidéo.
Hani Radaman, frère sulfureux de Tariq, et Yamin Makri, directeur des éditions Tawhid à Lyon, sont même allés jusqu’à s’en prendre aux deux plaignantes en criant au complot « sioniste », même si cette position reste très minoritaire chez les personnalités soutenant l’islamologue.
Quant à sa fille Maryam, elle a posté mercredi un message sur Twitter, partagé par près de 400 personnes où elle dénonce une volonté d’« isoler » Tariq Ramadan de sa famille.
Une tribune signée par des figures du monde musulman en France
Une soixantaine de militants de l’antiracisme politique ou d’un islam identitaire ont, eux, signé une tribune réclamant « une justice impartiale et égalitaire ». Parmi eux, la porte-parole des Indigènes de la République Houria Bouteldja, Nabil Ennasri qui a consacré une longue vidéo à l’affaire, mais aussi l’ancien directeur du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), Marwan Muhammad, auteur par ailleurs d’un texte sur le sujet.
Longtemps prudents et silencieux sur un dossier qui trouble, voire divise leurs fidèles, des recteurs de mosquées ont pris plus clairement la parole ces derniers jours en faveur de « frère Tariq ». « Tariq Ramadan c’est notre frère […], jusqu’à preuve du contraire il est innocent », a dit à Lille Amar Lasfar, président des Musulmans de France (ex-UOIF), qui gravite dans l’orbite des Frères musulmans. À Marseille, l’imam Ismail Abou Ibrahim a fait de même.
Une affaire qui divise la communauté musulmane
Les recteurs Azzedine Gaci (Villeurbanne), visage libéral de la succursale « frériste », et surtout Kamel Kabtane (Lyon) ont pu surprendre en réclamant la « libération immédiate » du conférencier, victime selon eux « d’un lynchage médiatico-politique ».
Ces marques de soutien plus ou moins appuyées ne font pas l’unanimité dans les rangs musulmans, où l’étoile de Tariq Ramadan a pâli ces dernières années, suscitant indifférence ou rejet.
« Premier site d’information de l’islam francophone », le média Oumma.com s’en est ainsi pris aux « prédicateurs et militants associatifs » qui « exploitent cette terrible affaire à des fins bassement carriéristes ». Et promis d’informer sur l’affaire « de la manière la plus équilibrée possible ».