Terrorisme : le procès de Medhi Nemmouche débute lundi à Bruxelles
Le Français est accusé d’être l’auteur de l’attentat qui a fait quatre morts en 2014 au musée juif de Bruxelles.
Pour la première fois depuis la vague d’attentats qui a endeuillé l’Europe, un terroriste présumé comparaît devant une cour d’assise. Medhi Nemmouche, un Français de 33 ans, est jugé à partir de lundi 7 janvier à Bruxelles pour l’attentat au musée juif de la capitale belge qui avait fait quatre morts le 24 mai 2014. Six jours plus tard, il était interpellé par la douane dans un bus à Marseille, avec une kalachnikov et un revolver, deux armes utilisées dans l’attentat. Depuis, il est aussi visé par une enquête en France, soupçonné d’avoir été le geôlier et le tortionnaire de quatre journalistes otages en Syrie.
Lundi verra la désignation des jurés tirés au sort. Le procès sur le fond débutera réellement jeudi et doit durer sept semaines.
Medhi Nemmouche va plaider non coupable, d’après ses avocats
Sur les images de vidéo surveillance, on voit un homme abattre sans ciller ses quatre victimes, ranger son fusil d’assaut dans un sac porté en bandoulière, son revolver, puis quitter les lieux tranquillement, avant de se mettre à courir au bout de quelques mètres. Cet homme qui porte une casquette foncée est-il Medhi Nemmouche ? Ses avocats ont indiqué qu’il allait plaider non coupable, malgré les armes de l’attentat retrouvées sur lui, malgré les messages de revendication au nom du groupe État islamique en Irak et au Levant découverts sur son ordinateur portable. Parlera-t-il au cours de son procès, lui qui s’est tu pendant toute l’instruction ? Henry Laquay s’attend à une prise de parole de son client : « Je pense qu’il parlera. C’est lui qui décidera du moment où il parlera et c’est lui qui décidera de ce qu’il aura à dire. Et par conséquent, comme pour l’instant il a exercé son droit au silence, qui est un droit absolu, moi en qualité d’avocat de Medhi Nemmouche, je ne peux pour l’instant vous donner d’indications sur le fond du dossier ».
« Ce n’est pas quelqu’un dont le cerveau peut être retourné facilement »
Medhi Nemmouche va-t-il accepter pendant ces longues semaines d’audience de raconter son parcours, lui, né de père inconnu, abandonné à la naissance par sa mère, placé en famille d’accueil, plutôt bon élève à l’école, jusqu’à sa première condamnation à 16 ans pour vol avec violence. Depuis, 22 infractions de droit commun ont été inscrites à son casier judiciaire et il a passé un tiers de sa vie en prison. Ce serait au cours de sa dernière incarcération en France entre 2007 et 2012 qu’il se serait radicalisé, ce dont doute son avocat français, Francis Vuillemin. « Ce n’est pas quelqu’un dont le cerveau peut être retourné facilement et même pas du tout. A mon avis, c’est impossible. Il paraît presque, c’est fort l’image que je vais donner, mais comme un poisson dans l’eau dans l’univers carcéral, comme si il y avait trouvé une structure, comme si il y avait trouvé une famille, un cadre dans lequel il existe et il semble étonnamment épanoui. C’est scandaleux de dire ça, c’est sûrement choquant mais c’est vraiment ce à quoi j’assiste, alors je le dis. Donc je pense que ce n’est pas quelqu’un qui peut être influencé par qui que ce soit ».
En cellule 23 heures sur 24 à l’isolement, sans aucun contact avec d’autres détenus, Medhi Nemmouche ne pose pas de problème en détention. Comment cet homme, que ses avocats présentent comme quelqu’un de cultivé et d’intelligent, féru d’histoire contemporaine, grand lecteur, a-t-il basculé dans l’islamisme radical ? Les familles des victimes et la société belge dans son ensemble espèrent qu’il apportera des réponses pendant le procès.