Toulouse : un employé de l’armurerie de la police serait impliqué dans un vaste trafic d’armes
Trois personnes ont été interpellées mi juin à Toulouse dans le cadre d’une vaste enquête sur un réseau national de trafic d’armes. L’une d’elles a été mise en examen et écrouée. Il s’agit d’un homme de 53 ans qui travaillait au sein de l’armurerie du SGAMI qui équipe notamment la police nationale.
C’est l’un des plus gros coups de filet de ces dernières années dans le milieu du trafic d’armes. La troisième phase de l’opération de démantèlement d’un réseau national a eu un retentissement certain à Toulouse où trois personnes ont été placées en garde à vue, dont un quinquagénaire qui travaillait à l’armurerie du Secrétariat général pour l’administration du ministère de l’intérieur (SGAMI).
Une entité basée à Colomiers et dont la mission s’articule autour de l’appui administratif et logistique des forces de l’ordre. Et en l’occurrence, fournir notamment des armes en bon état de marche à la police nationale. Cet homme de 53 ans dont le casier judiciaire est vierge a été mis en examen et placé en détention provisoire dans l’attente de son procès.
D’un simple contrôle routier au démantèlement d’un trafic d’armes
Au total, les gendarmes de la Brigade de recherches (BR) de la compagnie Toulouse-Saint-Michel ont procédé à huit perquisitions, entre le 12 et le 14 juin dernier, au cours desquelles ils ont saisi 22 armes d’épaule, 5 de poing et des munitions. Il s’agit essentiellement d’armes réformées dont une partie proviendrait des ateliers de l’armurerie du SGAMI de Colomiers.
Des fusils ou autres pistolets trop usagés ou endommagés pour rester à disposition des effectifs de police. Elles étaient destinées à être détruites. Mais ce n’est pas la première fois que cet individu détournerait des armes réformées. Transféré dernièrement du SGAMI de Rennes pour celui de Colomiers, il est soupçonné d’en avoir dérobé une vingtaine en Ille-et-Vilaine. Et ce n’est que le début des poupées russes.
Plus de 50 départements dans le viseur
Car tout est parti d’un contrôle routier dans la Sarthe, en septembre 2016. Des militaires du 2e RIMa de Champagné ont en leur possession un pistolet non déclaré. Lors des perquisitions menées à leur domicile, munitions et armes sont également retrouvées.
Le Groupement de la Sarthe, la Section de recherches d’Angers et les experts en armes et explosifs du Pôle judiciaire de la gendarmerie, basé à Pontoise, s’allient alors à la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Rennes pour démêler les mailles d’un filet qui s’étale dans toute la France. L’an dernier, les deux premières vagues d’interpellations avaient permis d’écrouer la tête du réseau.
Trente personnes en garde à vue
Entre le 12 et le 14 juin 2018, plus de 600 gendarmes ont « tapé » sur commission rogatoire dans une cinquantaine de départements. Sur cette dernière vague, on parle de 30 gardes à vue pour 700 armes saisies : 250 de poing, 30 fusils d’assaut, 50 pistolets-mitrailleurs ou des explosifs et autres lance-roquettes.
En tout, depuis 2017, 14 personnes ont été mises en examen pour 350 000 € et 1 900 armes découverts. Beaucoup d’entre elles étaient dissimulées dans des cloisons, des livres découpés ou des faux ballons d’eau chaude, par exemple.
Après avoir été entendus par les gendarmes de la BR de Toulouse — Saint-Michel, deux individus, âgés respectivement de 20 ans et 70 ans, ont été relâchés. L’employé du SGAMI, qui n’est pas un policier mais bien un personnel civil, est le seul à avoir été mis en examen et écroué dans le cadre de cette opération.
Si certaines personnes auditionnées dans ce dossier étaient issues du milieu des collectionneurs, mus par l’intérêt historique d’armes à restaurer et pour lesquelles ils avaient besoin de pièces détachées, les gendarmes ont surtout réussi à intercepter des individus en lien avec le crime organisé.