Trafic d’armes de guerre : la tête du réseau a été condamnée à 30 mois de prison ferme
C’est un dossier peu habituel jugé jeudi par le tribunal correctionnel de Narbonne, sur fond de trafic d’armes de guerre, interdites au public, ou encore de produits explosifs retrouvés chez un prévenu qui «jouait au petit chimiste». Pour compléter le tableau, un ordinateur est saisi montrant des ramifications avec le Darknet. Jeudi, ils étaient cinq, sur six prévenus, à comparaître. Des hommes âgés d’une trentaine d’années excepté un, 69 ans, qui s’est présenté lui-même «comme un ancien voyou», avec un important casier judiciaire. À Narbonne et à Béziers, ce groupe s’est constitué dès 2014 et a eu des activités jusqu’en avril 2017. Des écoutes téléphoniques vont être mises en place, également des surveillances au mois de juin 2016.
Les enquêteurs mettront au jour des transactions d’armes semi-automatiques, de pistolets-mitrailleurs, de fusils à pompe, de milliers de cartouches, de grenades dont certaines à fragmentation. Des produits servant à fabriquer des explosifs ont aussi été retrouvés dans un appartement à Béziers. Lors des perquisitions, les armes de guerre n’ont pas été retrouvées. Elles ont été évoquées dans les conversations téléphoniques. Seules celles de catégorie B ont été saisies. Un site internet était utilisé pour se procurer des armes puis se mettre en relation avec des clients. Les armes étaient envoyées par une société de transport, et non par La Poste, à cause des scanners. Quarante-quatre colis ont ainsi été expédiés par ce Narbonnais de 69 ans ; mais y en a-t-il eu d’autres ? Une perquisition chez un autre prévenu a permis de saisir des cagoules et trois gilets pare-balles siglés «Police municipale». Des armes étaient achetées puis modifiées pour devenir létales.
Mais selon les mis en cause, ce serait la «passion des armes» qui les auraient poussés à mettre sur pied ce commerce. «J’ai toujours trié mes clients pour ne pas tomber sur des malhonnêtes mais de vrais collectionneurs», dira l’un. Même si les explosifs ne font pas partie des faits reprochés, «l’apprenti chimiste» faisait des bidons de «six litres, pas plus, dans des flacons en verre pour éviter des réactions bizarres». L’un aurait agi par peur d’une guerre civile, un autre pour faire des tests dans les vignes ou encore pour faire de la pêche à la grenade… Pour le procureur de la République, deux prévenus sont à la tête de ce réseau. Le magistrat a requis cinq ans de prison avec maintien en détention pour le mis en cause âgé de 69 ans et 3 ans pour son bras droit présumé, chacun avec un maintien en détention. Il n’a pas été demandé de mandat de dépôt pour les trois autres prévenus, pour lesquels il a été requis 18, 12 et 12 mois de prison ferme.
Ordonnance de renvoi «imprécise»
Les avocats de la défense ont fustigé une information judiciaire qui est «un naufrage». Le parquet a invoqué la loi Urvoas du 3 juin 2016, renforçant la lutte contre le crime organisé et les peines encourues. Or, les faits reprochés datent du… 10 janvier 2014.
Quant aux armes, la défense a pointé du doigt l’absence d’expertise pour déterminer avec précision leur catégorie. Du fait de cette ordonnance de renvoi «imprécise». Certains avocats se sont demandé pour quelles raisons leur client comparaissait. Face à ces points juridiques soulevés, le tribunal, après deux heures et demie de délibération, a condamné le prévenu de 69 ans à 30 mois de prison ferme avec maintien en détention. Les autres prévenus n’ont pas été incarcérés. Le bras droit du chef de réseau a écopé de 24 mois avec un sursis et une mise à l’épreuve. Les quatre autres prévenus, ayant déjà fait de la détention provisoire, ont été condamnés à un an de prison avec sursis et mise à l’épreuve.
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