Gendarmes et policiers s’entassent dans une petite cuisine. Tous sont en civil. Impossible de les différencier. Ils partagent quelques morceaux de pizza. Les yeux sont cernés mais les visages souriants. Cela sent les heures sup et la grosse affaire. Chacun goûte quelques instants de repos avant de repartir poser des questions à des suspects en garde à vue. Dans la pièce d’à côté, un poste de commandement a été installé et un adjudant en uniforme veille au grain.
Il est 14 h 30, ce mardi. Nous sommes à la gendarmerie de Nancy, dans les locaux de la section de recherches (SR). C’est là que sont centralisées toutes les informations sur l’opération anti-stup d’envergure qui a démarré quelques heures plus tôt.
A 6 h 30, le top départ a été donné pour interpeller dix-sept trafiquants de drogue présumés. Le coup de filet a été lancé sur plusieurs départements. Dix suspects ont été arrêtés sur l’agglomération de Nancy, en particulier à Laxou. Six autres ont été pris dans les Vosges. Enfin, un dernier s’est fait passer les menottes dans la Meuse.
« Arriver à localiser puis à arrêter en même temps dix-sept personnes, c’est déjà en soi quelque chose de pas mal », se félicite Philippe Bujon, le patron du Groupe d’intervention régional (GIR) de Lorraine qui a prêté main-forte à l’opération. Au total une centaine de gendarmes et de policiers ont été mobilisés. Il a notamment été fait appel aux spécialistes des interventions musclées de l’antenne GIGN de Reims. Les Douanes avec leur chien anti drogue étaient là également.
« Tous sont suspectés d’être des trafiquants à des degrés divers »
Ce coup de filet qui a mobilisé une centaine d’hommes est le résultat de 6 mois d’enquête menée par les gendarmes de la section de recherches de Nancy. Leurs investigations ont démarré dans les Vosges en mars. Puis à force de surveillance et de filatures, ils ont débordé sur les départements voisins et remonté les échelons d’un réseau de revendeurs de cannabis, héroïne et cocaïne. Un travail qui demande de plus en plus de patience et de ténacité car les dealers sont de plus en plus prudents.
« Ils utilisent notamment des messageries sécurisées pour communiquer et ne parlent plus par téléphone », relève le colonel Franck Chaix, patron de la Section de recherches de Nancy. Pour l’instant rien n’a filtré sur les quantités de drogue qui ont pu être saisies par ses troupes, ni sur l’identité et le profil des gardés à vue. « Nous ne sommes pas face à de simples consommateurs. Tous sont suspectés d’être des trafiquants à des degrés divers », confie juste le commandant du Groupe d’intervention régional de Lorraine. « L’objectif est de démanteler en profondeur un réseau », ajoute le patron de la Section de recherches de Nancy.
L’opération qui se déroule sous l’autorité du procureur d’Epinal, Etienne Manteaux, est encore loin d’être terminée. Les interrogatoires des suspects se poursuivent dans différentes brigades de gendarmerie et commissariats de la région et certaines séances de question-réponses vont durer jusqu’à jeudi. Cela devrait déboucher sur des déferrements devant le juge d’instruction d’Epinal en charge de l’affaire, Amélie Paporalkis. Avec à la clé des mises en examen et, probablement, des placements en détention provisoire.