Traitement du cas des radicalisés : un exemple inquiétant à Dijon
Après l’attentat qui a coûté la vie à deux jeunes femmes ce week-end à la gare Saint-Charles de Marseille (voir nos précédentes éditions), Michel Bonnet, secrétaire général zonal du syndicat des officiers de police Synergie (majoritaire) pique un coup de colère : « Il est scandaleux que nos hommes politiques fassent mine de s’étonner aujourd’hui de ce qui vient de se passer à Marseille. Pour les policiers la situation de cet individu, arrêté puis relâché faute de place dans un centre de rétention administrative et faute de réponse de la part de la préfecture, est très courante, notamment le week-end. Les fins de semaine, c’est très compliqué dans les préfectures. Les centres de rétention administrative n’ont pas forcément de place… »
« Un juge des libertés et de la détention a renvoyé trois fois un radicalisé à Dijon »
Mais, pour le représentant des officiers de police, « il y a une vraie problématique avec les juges des libertés et de la détention. Parfois nous avons à faire à de vrais idéologues. Nous avons par exemple à Dijon un radicalisé qui vient d’être conduit trois fois de suite au centre de rétention de Metz en vue de son expulsion. Et cela fait trois fois que le juge des libertés et de la détention de Metz le remet dehors. La préfecture a fait son travail, la police a fait son travail, et pourtant, il est dehors et il revient faire des prêches extrémistes à Dijon… Les policiers s’interrogent : à quoi bon faire des procédures judiciaires ou administratives ? Aujourd’hui à cause de ce magistrat, nos collègues ont calculé qu’il faut présenter 25 personnes ayant fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français pour que 5 soient expulsées… Et encore, pas toutes ! Cela coûte beaucoup d’argent, beaucoup de moyens… Pour rien ! On vide l’océan avec un dé à coudre. Combien de drames faudra-t-il pour que l’on s’interroge sur le fonctionnement du système et les responsabilités de chacun ? »
« Que les politiques cessent de feindre l’étonnement »
Et les policiers « demandent juste que la loi soit appliquée, sans idéologie. Et que les responsables politiques cessent de faire l’autruche, de faire semblant de découvrir les choses. S’ils ne mesurent pas les difficultés qui sont les nôtres, c’est que jamais ils ne viennent sur le terrain, jamais ils n’ont dialogué avec des policiers sur leur quotidien. Et cela est encore plus grave. »
Ils devaient hier saisir les responsables nationaux de la sécurité pour faire part de leurs interrogations concernant le juge des libertés et de la détention de Metz qu’ils ont dans le collimateur pour ses récentes décisions de remise en liberté.