Trottinettes, skates et nouveaux engins : où rouler ?
Les trottinettes et autres nouveaux engins électriques se mêlent au flot des piétons et voitures, ce qui pose des questions de sécurité. La législation est sur le point d’évoluer.
Une trottinette double un piéton sur un trottoir, tandis qu’à quelques mètres, sur la route, une gyroroue, cet engin électrique sans guidon, remonte la file de voitures sur la voie de bus, en suivant un vélo. Cet instantané du boulevard de Strasbourg, hier après-midi à Toulouse, est devenu un classique depuis plusieurs mois.
Pratiques, peu coûteux et rapides, les «engins de déplacement personnels» connaissent un fort développement. Les professionnels estiment à 500 000 le nombre d’utilisateurs quotidiens en France, et plus de 3 000 à Toulouse. Trottinettes et skate-boards traditionnels sont désormais accompagnés de leurs alter ego électriques : trottinettes électriques, gyroroues, gyropodes ou hoverboard (voir nos photos et explications).
Mais où doivent rouler ces nouveaux engins ? La législation, aujourd’hui, ne les autorise à rouler ni sur le trottoir, ni sur la chaussée. Ils tombent dans une double interdiction résultant d’une contradiction entre deux réglementations : le Code de la route et le règlement européen. Le Code de la route, d’un côté, stipule dans son article R412-7, que «les véhicules doivent, sauf en cas de nécessité absolue, circuler sur la chaussée.» Le Règlement (UE) n ° 168/2013 du Parlement européen et du Conseil du 15 janvier 2013, prévoit, lui, que les engins destinés à rouler sur la chaussée (hors cycles) doivent être immatriculés. Or, trottinettes électriques et autres gyroroues sont exclus de l’immatriculation… Ils ne peuvent donc rouler sur la chaussée.
Pour la Fédération des professionnels de la micro-mobilité (FPMM), qui rassemble treize distributeurs ou importateurs de produits (dont Décathlon, Micromobility ou l’assureur Allianz), il est urgent de sortir de cette situation.
«Il faut réfléchir à une réglementation cohérente, pose Jocelyn Loumeto, administrateur délégué de la FPMM. Nous pensons qu’il faut autoriser la trottinette électrique bridée à 6 km/h sur les trottoirs ainsi que sur les pistes cyclables avec une vitesse maximum de 25 km/h, et dans toutes les zones où la vitesse maximale autorisée est de 30 kilomètres/heure».
«On va clarifier le fait que les trottoirs, c’est d’abord pour les piétons, y compris les personnes fragiles qui doivent pouvoir les utiliser sereinement», a déclaré la ministre des Transports Élisabeth Borne, vendredi dernier. La Loi d’orientation sur les mobilités, à venir fin octobre, devra clarifier les choses. Trottinette et autres gyroroues devraient donc être officiellement accueillies sur la chaussée et les pistes cyclables.
«OK pour les pistes cyclables, mais attention aux abus»
Les trottinettes électriques sur les trottoirs, ce n’est pas la panacée. «Se faire frôler par un engin qui peut atteindre les 40 km/h, pour un piéton, c’est très désagréable, et potentiellement dangereux», témoigne Guillaume Crouau. Le président de l’association toulousaine de piétons et cyclistes, 2 Pieds 2 Roues, est à la croisée des modes de déplacements alternatifs à la voiture. Faut-il accueillir les trottinettes électriques et autres gyroroues sur les bandes et pistes cyclables ? «Nous n’avons pas encore vraiment débattu du sujet. À chaud, mais ce n’est que mon avis, j’irais plutôt dans le sens de les accueillir sur les pistes cyclables. Beaucoup de trottinettes les empruntent déjà. C’est naturel, et sans doute moins dangereux pour la collectivité que les voir rouler sur les trottoirs. Mais attention aux abus. Certaines trottinettes, comme certains vélos à assistance électrique, roulent très vite, plus vite que les 25 km/h réglementaires.» Vélos, piétons, trottinettes, gyroroues, skate-board, scooters, voitures : l’espace public appartient à tous, mais encore faut-il se le partager raisonnablement…