Un « acharnement » inexpliqué
Agression. Une adolescente a été découverte en sang et victime de multiples fractures près du Havre, vendredi. Le ou les agresseurs sont recherchés.
Le lieu est reculé. C’est un cul-de-sac en voiture. La voie bitumée se termine en chemin herbeux avant d’entrer dans le bois. « Il faut connaître le secteur pour arriver ici », s’étonne un riverain qui a ni vu ni entendu quoi que ce soit de suspect dans la nuit de jeudi à vendredi, à Saint-Laurent-de-Brévedent près du Havre. Tout comme les rares habitants aux alentours. Pourtant, il s’est bien passé quelque chose ce soir-là. Et pour preuve. Vendredi midi, un promeneur a découvert une fille de 15 ans en sang « sur le flanc », « recroquevillée » et « tremblante » au bout de la rue de l’Épine, sur un chemin herbeux en lisière de forêt selon un couple qui l’a prise en charge avant l’arrivée des secours. L’adolescente aurait passé la nuit dehors après avoir été agressée. Elle portait des traces de violents coups sur « les membres supérieurs », indique le commandant Albert, chef d’escadron de la compagnie du Havre qui n’hésite pas à parler d’« acharnement ». « Elle souffre de nombreuses fractures aux poignets, aux bras et aux épaules. Elle a des plaies à la tête et a son nez décalé », poursuit le militaire qui n’exclut pas que les coups aient pu être portés avec un objet. Une interruption totale de travail a été fixée « à au moins trente jours », rapporte-t-il en précisant que la victime aurait quitté les soins intensifs à l’hôpital Monod du Havre, hier.
Un rendez-vous avec deux garçons ?
« Habituée aux fugues », selon le militaire, la jeune fille ne se souviendrait plus de rien à compter de minuit. Née dans l’Eure, la victime, « au contexte familial difficile » d’après le gendarme, vit en foyer depuis plusieurs années dans l’agglo rouennaise. Selon les premiers éléments que l’ado « complètement hagarde » a pu relater aux personnes qui l’ont découverte, elle aurait pris le train à Rouen pour voir deux garçons à la gare du Havre, jeudi en fin de journée. Elle n’en connaîtrait qu’un des deux. Qui sont-ils ? Ont-ils passé la soirée ensemble ? Où ? Qu’ont-ils fait ? La brigade de recherche du Havre, avec la section de recherche de Rouen, devra percer le mystère. Les résultats des analyses toxicologiques et de l’expertise gynécologique permettront certainement de les éclairer. À quelques dizaines de mètres de la victime, les gendarmes ont découvert un élément qui pourrait laisser penser que des violences sexuelles aient pu être commises. « Mais aucun lien n’a pour l’instant été établi. On ne peut rien affirmer pour le moment », insiste, très prudent, le commandant.
Suzelle GAUBE |