« Faut quand même être gonflé pour faire ça en pleine journée, dans un bar-tabac à côté d’une artère aussi fréquentée », constate le président De Naeyer.
12 mentions au casier judiciaire
Il faut dire que le prévenu n’en était pas à son coup d’essai. Fort de douze mentions au casier judiciaire, principalement pour des vols, ce Marseillais de 37 ans aime voyager. En attestent ses condamnations à Marseille, Narbonne, Créteil, Draguignan, Perpignan, en Suisse…
Lundi, il venait d’arriver le matin même en gare de Clermont-Ferrand. « Je venais voir une copine et je devais repartir le lendemain », explique-t-il d’une voix à peine audible.
Il est 13 h 59 très précisément lorsqu’il pénètre dans le bar-tabac Le Quinze, rue Fontgiève. « J’étais occupé côté tabac avec un client, ça nous a distraits », témoigne la gérante à l’audience.
« Je voulais boire un café et ensuite aller en centre-ville, assure le Marseillais. Y’avait personne au café donc je suis allé aux toilettes et j’ai vu cette porte ouverte… »
L’homme s’engouffre dans la partie privée de l’établissement et fouille dans un bureau. Puis tombe sur une enveloppe scellée – la recette de la semaine – prête à être déposée à la banque. Le prévenu ressort avec plus de 6.000 euros sous le bras quelques instants plus tard.
Il jette la pochette sous une voiture
Il prend la fuite en courant mais la gérante se lance à ses trousses. Elle crie, son conjoint arrive et poursuit également le voleur. Alertée par les cris, la police municipale le prend en chasse. L’homme est interpellé une poignée de minutes plus tard, après avoir jeté la pochette sous une voiture.
Direction le commissariat, puis une comparution immédiate deux jours après à l’issue de sa garde à vue. « Vous n’aviez pas quelques intentions en entrant dans ce bar ? », soupçonne le président.
« Non y’avait aucune intention. Je sais pas ce qui m’a pris, j’étais perturbé… Des fois j’ai des moments de faiblesse. C’était pas vraiment voulu. »
Le prévenu
Selon les images des caméras de surveillance, un deuxième homme est entré dans l’établissement et ressorti au même moment que lui. Un complice ? « Non j’étais tout seul », assure le trentenaire. « Non il n’y a pas eu préméditation, ni vol réunion, il faut arrêter de rajouter des éléments au dossier », plaide son avocate, Me Lechelon.
« Qu’est-ce qu’il faut faire pour que vous arrêtiez de faire des victimes ? », déplore Loïc Eyrignac au parquet, requérant dix-huit mois ferme et maintien en détention. Le tribunal condamne Mohamed C. à un an de prison. Son voyage s’est achevé, ce mercredi soir, du côté de la maison d’arrêt de Riom.
Julien Moreau