Un ancien prof de maths condamné pour apologie du terrorisme
Un ancien professeur de mathématiques, qui avait enregistré sur son ordinateur plus d’un millier de photos et une centaine de fichiers audiovisuels de propagande jihadiste, a été condamné ce mercredi à Grenoble à deux ans de prison. Une peine inférieure aux quatre ans d’emprisonnement requis par le procureur de la République.
Petit, courte barbe poivre et sel, lunettes rondes, ce père de trois enfants a longtemps enseigné en collège/lycée publics avant de contracter une poliomyélite.
Ce sont les services de renseignement qui ont signalé une possible radicalisation.
Des centaines de fichiers ont été retrouvés sur son ordinateur. Cela allait de scènes de décapitation, à une vidéo sur la marche à suivre pour commettre un attentat en Europe ou des livres d’apprentissage des mathématiques édités par le groupe Etat islamique (EI) où les enfants sont invités à compter des bombes.
Sur son compte Facebook – fermé depuis – le père de famille a partagé de nombreux contenus comme le serment d’allégeance à l’EI ou une citation encourageant les parents à dégoûter les enfants de fêtes de Noël ou du Nouvel An.
Certains fichiers ont été téléchargés depuis l’organe de propagande de l’EI, Amaq, via la messagerie cryptée Telegram.
Mais pour lui, il s’agissait simplement d’assouvir sa « curiosité »: « mes téléchargements étaient à titre informatif ».
« Quand j’ai une armada occidentale (…) qui converge vers un seul point pour déloger un petit groupe d’hommes, il y a de quoi s’interroger », se justifie le prévenu. « J’ai fait le tour des médias classiques (…). On en a ras-le-bol; on va chercher l’info ailleurs ».
Et concernant les films pornographiques ? l’interroge le procureur de la République.
« C’est la preuve que je ne suis pas un pur et dur mais un être de chair et d’os. Ca m’arrive d’aller sur des sites pornographiques. J’ai besoin de perfectionner ma sexualité, comme tout un chacun », répond le prévenu déjà condamné en 2016 pour violences à l’égard d’agents venus installer un compteur Linky chez lui.
Celui qui ne sort guère de chez lui depuis sa maladie a tenté devant le tribunal de donner l’image du bon père de famille: « je me fais beaucoup de souci pour mes enfants, l’année scolaire vient de commencer. Ils se reposent sur moi pour les maths et je fais la vaisselle », détaille-t-il.
Mais pour le procureur, le prévenu cherche à « minimiser les faits » par une « bonhomie de façade ». Il le soupçonne de vouloir participer au « jihad médiatique » et réclame, outre la peine « sévère » de prison, un suivi socio-judiciaire de six ans avec obligation de soins.
Demandant la relaxe, son avocate, Me Corinne Beaufour-Garaude, a mis en garde contre les « procès d’intention ». « Il faut trouver un équilibre entre nos principes démocratiques, de liberté d’expression et l’impératif de sécurité publique », a-t-elle plaidé.