Pour emprunter souvent la rue de la place Sugny, à Clermont-Ferrand, l’auteur de l’enquête témoignera qu’une exposition d’objets hétéroclites colonise de temps à autre le trottoir, avec des fréquences en juin et septembre, mois où l’immobilier entraîne bricolages et travaux domestiques.
Un débarras (au choix selon l’arrivage !) de télés, frigos (parfois pleins !), sommiers, matelas, canapés, fauteuils et appareils électroménagers en vrac à deux pas de la préfecture, siège de l’autorité de l’État. De l’entassé, de l’éparpillé, du souillé, du démantibulé… En parler au pôle Propreté urbaine du service de la voirie suscite énervement et sarcasmes : « Du moment qu’on ramasse gratis ces cochonneries, pourquoi certaines personnes se gêneraient ! ».
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Car l’enlèvement de ces encombrants est payant pour les citoyens soucieux de l’environnement (et du voisinage) qui en appellent civiquement à la mairie pour les faire disparaître (*). Autant dire que ceci expliquant cela, quelques-uns en font l’économie…
Un coût pour la société
Bref, à la collectivité de régler la facture et aux 150 employés municipaux d’agir sous peine de voir le centre-ville ressembler à un vide-greniers improvisé ! Plus que la collecte même, c’est le traitement des encombrants à la déchetterie des Gravanches (*) qui coûte le plus cher.
Il se chiffre « en centaine de milliers d’euros chaque année », a calculé Jean-Pierre Malayrat, directeur de l’Espace public.
Les lieux de dépôt ont été identifiés, la plupart situés dans l’hyper-centre : outre la place Sugny, les rues Georges-Clemenceau et de la Cartoucherie, l’avenue d’Italie… « Ces lieux sont récurrents parce qu’ils accueillent des poubelles fixes, des containers à verre » précise l’adjointe.
N’empêche que Clermont n’a pas le monopole de ce qui est apparenté à des incivilités. « Ni plus ni moins qu’ailleurs », relève Monique Bonnet, adjointe en charge de la propreté de la ville. Mais trop c’est trop !
« Par semaine, le ramassage de ces déchets sauvages représente une trentaine de camionnettes benne, soit près 90 m³ » estiment les techniciens du pôle. « Entre 300 et 350 tonnes par an », renchérit l’adjointe. Que faire pour dissuader les contrevenants ?
La police municipale mise à contribution
Place Sugny, la mairie avait retenu l’idée d’installer des caméras de surveillance, pardon de vidéoprotection, « mais on ne règle pas le problème, on le déplace » a coupé court une Monique Bonnet fataliste : « et dire qu’il y a quelques années on avait fait du porte-à-porte dans un rayon très étendu pour expliquer aux gens qu’il ne fallait pas faire ça… ».
L’exécutif municipal a décidé au printemps prochain de mener une grande campagne de communication contre la petite délinquance à laquelle elle assimile les décharges sauvages.
Et si rien n’y fait, le bâton ! La police municipale sera mise à contribution en s’efforçant de trouver dans les encombrants des indices permettant « d’identifier les coupables », dixit Monique Bonnet. Dans ce cas, ni une ni deux, il y aura procès-verbal…
(*) Le 1er janvier, la gestion des déchets et l’aménagement de l’espace public seront compétences effectives de Clermont Auvergne Métropole mais la ville de Clermont continuera de collecter les encombrants sur son territoire.
Pratique. Pour faire disparaître ses objets encombrants, téléphoner au Service des Encombrants, à la mairie de Clermont. Tel : 04.73.84.38.06. Il en coûte 13 € le m3.
Jean-Paul Gondeau