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Un mois après les violences au Mirail

Le 15 avril, le quartier du Grand Mirail s’enflammait. Caillassages, arrestations, incendies de voitures ont émaillé le quotidien des habitants. Un mois après, les stigmates demeurent.

À la Reynerie, ce quartier qui ne dort jamais, la vie a repris son court. Entre quotidien tranquille des riverains et ballet des trafiquants de drogue. Un mois après les violences urbaines, les voitures qui brûlent, les rondes d’hélicoptères, les pierres jetées depuis les balcons, les interpellations, etc… les habitants ont retrouvé leurs habitudes. Place Abbal, cela sent bon le pain chaud, le boucher décharge la viande des camions. Le ramadan se prépare. Au pied des immeubles, les guetteurs guettent. Les hommes en jaunes de la régie s’occupent de nettoyer le quartier. Mais le bitume noirci par les flammes et quelques carcasses de voitures incendiées sont là pour rappeler aux riverains les nuits d’agitation qu’a connues leur quartier. Devant l’école Jean-Gallia, une épave de Clio prend racine. «Cela fait un mois qu’elle est là. Quel message envoie-t-on à nos enfants ? Qu’ils vivent dans un quartier à la marge ! s’indigne ce trentenaire. À Lardenne, elle ne serait pas restée une semaine !» Ici prédomine un sentiment d’abandon.

À cet instant, une patrouille de la police municipale s’arrête pour photographier la voiture. À sa suite arrivent trois techniciens de Toulouse métropole. Ils sont là pour faire un état des lieux et estimer le coût des rénovations : «Cheminement Robert-Cambert, cela fait trois ans que ça brûle, on va donc enlever les stationnements, créer un parvis et prévoir un dépose minute pour que les parents puissent amener leur enfant à l’école», détaille l’un d’entre eux. «Le Grand Mirail se remet petit à petit, assure Franck Biasotto, le maire du quartier. Toutes les épaves vont être enlevées prochainement, il y a un délai incompressible : le temps de retrouver les propriétaires notamment. On va aussi changer au fil de l’eau les barrières qui ont brûlé. Le bitume, lui, ne pourra être repris que cet été, du fait du planning des services… Je comprends que les habitants en aient marre de ses stigmates.»

«Le bel étang, le ravalement des façades, c’est un écran de fumée, poursuit résigné cet ancien habitant. Les institutions s’achètent une paix sociale. Quand on peut, on s’en va. J’ai grandi ici, je travaille ici mais je vis ailleurs.» Cette jeune mère de famille qui vient chercher ses enfants à l’école, elle, a fait le choix de rester : «Cela fait trente-trois ans que je vis ici, je connais tout le monde ! On s’entraide, on se parle. Ce n’est pas le pays des bisounours, mais pour rien au monde j’en partirai». «La rue, ça apprend aux gens à se débrouiller, confie résigné un travailleur. Ce quartier agit comme un aimant.»


23 interpellations en trois jours

En trois jours (dimanche 15 avril, lundi 16 et mardi 17), dans les cités de Reynerie, Bellefontaine et Bagatelle et à Blagnac, les forces de l’ordre ont interpellé vingt-trois personnes pour violences volontaires aggravées, dont six mineurs. Dès le mercredi, puis le vendredi, plusieurs d’entre eux étaient présentés aux juges dans le cadre de procédure de comparution immédiate. Sur le banc des prévenus se trouvent des personnes aux profils divers. Des jeunes des quartiers mais aussi un père de famille, un lycéen en terminale à Pierre-de-Fermat… Certains ont des casiers judiciaires vierges, d’autres ,bien fournis. D’aucuns encore, seront relaxés pour les accusations de violences volontaires. C’est le cas de cette jeune étudiante en philosophie du Mirail et d’un travailleur associatif de Rouen, venu participer au mouvement de grève de l’université. Le procureur Gaulier avait demandé des peines fortes et des maintiens en détention pour beaucoup des personnes qui ont accepté d’être jugées. Un lycéen de 18 ans a été ainsi condamné à une peine de 6 mois de prison dont 3 mois avec sursis pour avoir jeté un pavé sur une voiture de police. Certains ont demandé un délai pour préparer leur défense. Ces prévenus seront jugés le 23 et le 25 mai. Trois ont été placés en détention d’ici là.


Le chiffre : 60

voitures > Incendiées. La mairie a comptabilisé une soixantaine de voitures brûlées. D’autre part, 630 m2 d’enrobé de voirie dégradés par des incendies sont à reprendre. Une vingtaine de containers ont été détruits.

Source:: Un mois après les violences au Mirail

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