Un psychiatre sarthois suspendu 3 mois pour des gestes déplacés sur une de ses patientes
Par Yann Lastennet, France Bleu MaineMercredi 18 octobre 2017 à 19:35
Le docteur Jean Paul Guittet, psychiatre au Mans, a interdiction d’exercer pendant 3 mois. La chambre disciplinaire du conseil régional de l’ordre des médecins estime qu’il a eu des gestes déplacés envers l’une de ses patientes. Elle rejette en revanche les accusations de viol, faute de preuve.
C’est une ancienne patiente du docteur Guittet qui a saisi la chambre disciplinaire de l’ordre des médecins. Elle affirme avoir été violée par le psychiatre en 1989. « J’avais 27 ans à l’époque. J’en ai parlé à mon médecin traitant qui m’a écoutée mais n’a rien fait ! » Ce n’est qu’en 2015, lorsqu’elle apprend que d’autres patientes dénoncent les agissements du docteur Guittet, qu’elle porte plainte. Mais il est trop tard, les faits sont prescrits. Elle saisit alors l’ordre des médecins de la Sarthe qui organise une confrontation en novembre 2016. Le psychiatre nie avoir violé sa patiente. Il reconnait seulement des gestes d’empathie « comme prendre des femmes dans mes bras, mais rien de sexuel ». Le pyschiatre sarthois parle de gestes mal interprétés. » C’est sans doute un tord. Je m’en rend compte maintenant » poursuit le médecin qui envisage de faire appel de la décision de la chambre disciplinaire. Mais pour le docteur Joly, le président du conseil de l’ordre des médecins de la Sarthe, « prendre une patiente dans ses bras ou lui caresser les cheveux, c’est déjà contraire au code de déontologie de la médecine. Et c’est pour cela que le docteur est suspendu 3 mois« .
La chambre disciplinaire juge crédible les accusations de viol mais les rejette faute de preuve.
Car la chambre disciplinaire n’a pas retenu l’accusation de viol, qu’elle juge pourtant crédible mais faute de preuve, elle est rejetée. « C’est écrit noir sur blanc » précise le docteur Joly qui a porté plainte aux côtés de la victime, en tant que président du conseil de l’ordre des médecins de la Sarthe. « Je trouve cela anachronique. Il ne faut plus qu’il y ait de délais de prescription dans ces affaires qui relèvent de la cours d’assises. Des faits aussi graves ne devraient pas relever d’une juridiction professionnelle qui n’a pas les moyens d’enquête d’un juge d’instruction ».
Le docteur Frédéric Joly, président du conseil de l’ordre des médecins de la Sarthe, estime que ce genre d’affaire est du ressort de la justice et non pas d’une juridiction professionnelle
L’ancienne patiente qui n’a pas souhaité s’exprimer publiquement est choquée. « Je suis écoeurée. 3 mois d’interdiction d’exercer pour un viol, c’est injuste ». Elle a l’impression de se heurter à un mur, celui du silence du milieu médical car ce n’est pas la première fois que le conseil de l’ordre est saisi à l’encontre du docteur Guittet. En 2006, une autre patiente accusait le psychiatre de l’avoir violée sans que le médecin soit sanctionné. Quant au psychiatre sarthois, il a un mois pour faire appel de la décision. Le début de sa suspension est fixé au 1er janvier 2018.