Un réseau de blanchiment d’argent issu de la prostitution nigériane démantelé, trente personnes interpellées dont plusieurs femmes
Un vaste réseau de blanchiment de l’argent issu de la prostitution nigériane en France a été démantelé après 15 mois d’enquête et deux coups de filet en juin et en septembre, a appris franceinfo auprès de l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH).
30 personnes de nationalité nigériane, dont plusieurs femmes, ont été interpellées dans toute la France en juin et en septembre dans le cadre d’un démantèlement d’un réseau de blanchiment de l’argent issu de la prostitution nigériane en France, a appris franceinfo vendredi 5 octobre, confirmant une information du journal Le Point. Ce réseau a été démantelé après 15 mois d’enquête et deux coups de filet en juin et en septembre.
De l’argent venu de toute la France
Il s’agit à la fois de collecteurs chargés de récupérer l’argent auprès de prostituées nigérianes pour le rapporter à Paris et de transporteurs chargés d’acheminer l’argent en cash vers le Nigeria en passant par des villes européennes ou africaines « pour brouiller les radars », explique à franceinfo Jean-Marc Droguet, commissaire divisionnaire à l’OCRTEH : « C’est un réseau de blanchiment et de rapatriement des profits générés par l’exploitation sexuelle nigériane en France », ajoute-t-il.
On pense avoir identifié l’intégralité du réseauà franceinfo
Jean-Marc Droguet confirme que le réseau aurait collecté et envoyé au Nigéria entre 30 et 50 millions d’euros depuis 2015. Cet argent est issu de la prostitution nigériane à Lille, Colmar, Strasbourg, Lyon, Nice, Marseille, Bordeaux, Nantes et Paris. « Vous avez des spots de prostitution nigériane sur différents points du territoire français et ce qui a été démantelé, c’est le réseau qui s’occupait de rapatrier dans un premier temps à Paris les fonds générés par cette activité criminelle et ensuite le réseau organisait, via tout un système de transporteurs, le retour physique de l’argent en cash au Nigéria. »
« Ces différents membres appartenaient à deux réseaux criminels nigérians très structurés et bien connus, les ‘Black Axe’ et les ‘Secret Eiye confraternité’. L’ensemble des membres vivaient très modestement en France, l’argent servait à investir dans des biens mobiliers au Nigéria. Il est difficile d’appréhender ce type de personnes car il n’y a aucun signe extérieur de richesse et l’argent part très vite », explique Jean-Marc Droguet.
Un salon de coiffure et une épicerie comme points de collecte
Les sommes récoltées dans les régions françaises étaient déposées sur « deux points de compromission » à Paris, à savoir un salon de coiffure et une épicerie basés dans le 18e arrondissement. L’argent était ensuite acheminé rapidement vers le Nigeria en cash, à raison d’un voyage ou deux par semaine, dissimulé dans des valises à double fond et dans une moindre mesure, sous forme de biens, comme des machines à laver ou des voitures, envoyés par container.
Ces deux points de collecte étaient tenus par « des personnes de confiance qui, moyennant une commission et un climat de confiance acquis au fil des années, avaient la charge de rapatrier ces fonds. Les activités d’épicerie ou de coiffure n’étaient qu’un paravent qui cachait une activité criminelle très florissante, contre une très faible activité [de coiffure ou d’épicerie] qui ne permettait pas un tel enrichissement. »
L’enquête a été menée conjointement par l’OCRTEH et l’OCRGDF (Office central pour la répression de la grande délinquance financière), en collaboration avec les polices locales. Au cours de l’enquête, 200 000 euros ont été récupérés en mars et 250 000 en juin