Un réseau de jeunes proxénètes de cité démantelé
Filatures, surveillances, écoutes, expertises bancaires, recoupements, travail de fourmi sur internet… Près d’un an d’enquête a été nécessaire aux services de l’antenne de la police judiciaire de Perpignan afin de réussir à démanteler un réseau de proxénètes de cités implanté dans la région, symbolique de cette nouvelle délinquance qui prolifère dans les quartiers défavorisés.
Tout débute lorsque des parents viennent signaler à la gendarmerie d’une petite commune de la région toulousaine la fugue de leur fille, mineure de 15 ans, depuis octobre 2016, orientant les recherches dans la région de Narbonne où ils craignaient qu’elle ait trouvé refuge chez son “petit copain” et qu’elle ne soit obligée de se prostituer.
Retenue dans la cité Saint-Jean Saint-Pierre
Les premières investigations, confiées à la PJ perpignanaise en août 2017, permettent de la localiser et tendent malheureusement à montrer que sa présumée histoire d’amour a viré au cauchemar, qu’elle est contrainte à des relations tarifées notamment dans l’Aude et dans les P.-O. comme à Saint-Laurent-de-la-Salanque. Mais les policiers ne s’arrêtent pas là et “tirent le fil” de cette affaire dans l’environnement de la jeune fille sur le Narbonnais, retenue dans la cité Saint-Jean Saint-Pierre, et parviennent à cibler quatre personnes, soupçonnées d’être les organisateurs d’un réseau de prostitution forcée de jeunes filles. Lesquelles sont également identifiées tandis que des recherches minutieuses sur les sites d’annonces utilisées, en l’occurrence Viva Street, Sexe model et Wannonce, aboutissent à établir les lieux utilisés pour ces «passes», dans des appartements et des chambres d’hôtels du secteur de Narbonne, à Mérignac, au Cap d’Agde, à Paris, à Lyon… et mènent à l’audition de plusieurs clients.
Trois arrestations à Narbonne-plage
Deux jeunes hommes, défavorablement connus pour stupéfiants, vols et cambriolages, et une femme, une prostituée devenue souteneuse et déjà impliquée dans une affaire similaire à Marseille, tous âgés d’une vingtaine d’années, ont ainsi été arrêtées fin juin à Narbonne-plage et placés en garde à vue, lors de laquelle ils ont minimisé leur implication. Ils ont été mis en examen pour «proxénétisme aggravé en bande organisée ; enlèvement, détention ou séquestration en vue de commettre un crime ; viol en réunion et trafic de stupéfiants» et tous ont été écroués.
De 500 à 1 000 € par jour et par fille
Grâce à une coopération transfrontalière en urgence, le quatrième mis en cause, âgé de 29 ans, a été localisé en Espagne à la suite d’un mandat d’arrêt européen et intercepté par les Mossos d’Esquadra le 10 juillet. Il a été placé en détention préventive dans l’attente de sa reconduction en France afin d’être présenté à un juge.
Selon, les premiers éléments, le réseau exploitait une dizaine de jeunes filles, dont certaines avaient au départ entre 15 et 17 ans, ‘‘recrutées » dans l’Aude mais aussi sur Perpignan. Des jeunes filles, auxquelles le réseau fournissait de la cocaïne. Des adolescentes et jeunes femmes qui étaient frappées, menacées, retenues de force dans des logements ou même dans des coffres de voiture et déplacées en permanence pour être soumises à des relations sexuelles.
Les proxénètes récupéraient la quasi-totalité des gains, soit entre 500 euros et 1 000 euros par jour et par fille, à raison de 10 passes quotidiennes en moyenne. Les investigations se poursuivent.