Un réseau de prostitution de Nigérianes démantelé au Havre, à Lyon et à Nîmes
Des personnes ont été interpellées notamment au Havre dans le cadre d’un réseau de proxénétisme qui profitait de Nigérianes.
Les policiers de l’OCRTEH (office pour la répression de la traite des êtres humains) et de la police judiciaire de Lyon ont interpellé seize personnes à Lyon, à Nîmes mais aussi au Havre au début de cette semaine du 25 septembre 2017. Deux personnes ont également été arrêtées au Portugal et en Italie. C’est au bout de quinze mois d’enquête que les forces de l’ordre ont pu aboutir à cette série d’interpellations.
Certains étaient chargées de faire passer en France les jeunes Nigérianes en transit depuis la Libye. Une cinquantaine de victimes ont été identifiées mais « il y en a certainement beaucoup plus », a estimé Jean-Marc Droguet, le patron de l’OCRTEH, interrogé par l’AFP. « Il n’y a pas de mineure », a-t-il ajouté. À la tête de ce système « très pyramidal », « un pasteur de confession évangélique », qui prêchait notamment à Montpellier, gérait les « mamas » qui, elles, « s’occupaient des filles », a-t-il expliqué.
Les enquêteurs estiment à une trentaine le nombre de camionnettes dans lesquelles les jeunes femmes étaient forcées de se prostituer dans le quartier Gerland de Lyon. Lorsqu’elles arrivaient en France, elles se voyaient assigner une dette de 30 000 euros qu’elles devaient rembourser. « Cela leur laisse penser qu’elles s’en sortiront un jour », a expliqué M. Droguet. À cette somme s’ajoutaient des frais d’hébergement et des facturations diverses dont celle des camionnettes, payées 50 euros la nuit. L’argent récolté par le réseau, entre 100 000 et 150 000 € par mois, repartait « très rapidement » vers le Nigeria, les enquêteurs n’ayant saisi que 22 000 €, a-t-il poursuivi. Onze interpellés étaient déjà déférés et écroués jeudi, les autres étaient encore en garde à vue.
« On a le sentiment que ces réseaux se structurent », a commenté Jean-Marc Droguet, rappelant que la prostitution nigériane est « très active sur le territoire national, dans les grandes agglomérations ». Le Nigeria, plus de 190 millions d’habitants, détient le record du nombre de migrants africains arrivés par bateau sur les côtes italiennes. En 2016, ils étaient 37 500, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui note une explosion du trafic de femmes (433 Nigérianes en 2013, près de 5 000 en 2014, derniers chiffres disponibles), et remarque une « augmentation importante du nombre de mineures, facilement manipulables ». « La grande majorité d’entre elles étaient destinées à l’exploitation sexuelle »