«Une facture entre 10 et 20 % plus chère», assure Pierre Chasserey, de l’association 40 millions d’automobilistes
Automobile – Interview de Pierre Chasserey, Délégué Général de l’association 40 millions d’automobilistes
Qu’est-ce qui justifie un contrôle technique à 600 défaillances possibles par rapport à 400 auparavant ?
C’est uniquement l’application d’une directive européenne. Mais attention, le chiffre de 600 peut paraître important mais certaines défaillances ont en fait été divisées en sous-catégorie. Même avec ce nouveau contrôle, 80 % des véhicules le passeront. Seuls 3 % d’entre eux entreront dans la catégorie «défaillance critique» qui imposera une réparation dans les 24 heures.
Ne jugez-vous pas ce délai trop court ?
Il s’agit de cas extrêmes comme l’absence de liquide de frein, une entaille de plus de trente centimètres dans le pare-brise ou l’absence de plaquettes ! Ces véhicules n’ont rien à faire sur la route, il est normal de les immobiliser.
Le contrôle technique coûtera-t-il plus cher ?
Immanquablement oui car avec davantage de points à vérifier, le contrôleur passera davantage de temps sur chaque véhicule. Or c’est le temps qui est facturé par les centres de contrôle technique. À 40 millions d’automobilistes nous estimons la hausse de la facture entre +10 et +20 % par rapport aux tarifs pratiqués aujourd’hui. D’autant que l’on dénombrera davantage de contre-visites ce qui renchérira d’autant la facture totale.
Peut-on alors envisager une aide de l’État comme un chèque contrôle technique pour aider les ménages modestes ?
Si le véhicule est correctement entretenu ce qui doit être le cas, il n’aura pas à passer de contre-visite.
Quid du chapitre «pollution» ? Est-il renforcé ?
Pour l’instant seuls sont concernés les automobilistes qui ont enlevé leur filtre à particules. On ne peut pas être pour ce type de comportement un peu irresponsable. Le renforcement du contrôle de la pollution ne se fera que dans les prochaines années, très progressivement. Ces paramètres seront difficiles à mesurer car compte tenu de la triche de certains constructeurs, on peut se demander quel sera le seuil retenu pour le contrôle : celui fourni par le constructeur ou le seuil réellement mesuré ? !
Est-ce une mesure de plus contre les automobilistes ?
Nous devons bien admettre que l’automobiliste est une cible privilégiée en ce moment. Le 1er janvier a été appliquée la hausse des taxes sur le carburant, au 1er juillet ce sera le 80 km/h sur les départementales auquel s’ajoutent les restrictions de circulation, la privatisation des radars… la globalité est énorme !
Parvenez-vous à vous faire entendre des pouvoirs publics ?
Nous y arrivons au Sénat qui vient de valider notre analyse du 80 km/h qui devrait être laissé à la main des départements mais le plus haut sommet de l’État, Matignon et l’Élysée, reste sourd. C’est dommageable.