Une (jeune) chouette attaque les riverains
On ne va pas se le cacher, on a légèrement pouffé quand on a eu l’info : « Plusieurs riverains se sont fait agresser par une chouette à la nuit tombée. » Une vieille chouette acariâtre ? Halloween en avance ? On a l’imagination fertile… Et puis en allant sur place, on s’est rendu compte qu’il y avait bel et bien un rapace un tantinet nerveux, au coucher du soleil dans plusieurs quartiers de Saint-Dié. Une petite chouette hulotte a attaqué à plusieurs reprises, des habitants qui profitaient de la douceur des soirées sur leur terrasse de la rue Joséphine-Link. À chaque fois, elle vise le visage. Idem rue de la Madeleine. Rue de la Bolle, un monsieur appelait son chat par la fenêtre quand elle lui a foncé dessus, toutes serres dehors.
Difficile de quantifier les personnes qui ont subi les assauts féroces de l’animal mais elles sont nombreuses. Une riveraine témoigne : « Elle est arrivée directement en visant les yeux, j’ai juste eu le temps de me protéger mais j’ai tout de même été touchée au visage et je dois suivre un traitement contre le tétanos. » Les enfants sont confinés à l’intérieur une fois la nuit tombée, pas mesure de précaution.
Relâchée en Alsace
La chouette hulotte est un animal protégé qu’il est interdit de capturer. Il y en a beaucoup sur le secteur de Saint-Dié, elles sont parfaitement pacifiques et même craintives. Le comportement de celle-ci est « exceptionnel », explique Christophe Lemoine, représentant d’Oiseaux Nature, qui avance une explication. « Elle est probablement née au printemps et a été recueillie par des gens qui ont cru bien faire mais qui n’ont pas respecté son côté sauvage. Retournée dans la forêt, elle a perdu tous ses repères et considère désormais les hommes comme ses semblables. Elle attaque parce qu’elle les voit comme des rivaux sur son territoire. C’est l’occasion de rappeler qu’il ne faut absolument pas toucher les animaux sauvages. »
La municipalité a dû obtenir une autorisation préfectorale pour capturer la chouette, qui ne pèse pas plus de 500 grammes mais peut développer un mètre d’envergure et a des serres puissantes. La SPA et la police municipale multiplient les rondes nocturnes pour l’attraper dans les règles de l’art (il est interdit pour les particuliers de le faire) avant d’aller la relâcher en pleine nature en Alsace. Là, elle va pouvoir préparer sereinement sa période de nidification à partir du mois de décembre. Espérons pour elle que l’air de l’autre côté du massif adoucisse un peu son caractère susceptible. Sinon sa vie future avec sa ou son partenaire (rien ne dit que c’est une femelle !), risque d’être, comment dire ? mouvementée.