Une mère raconte l’histoire de sa fille de 15 ans recrutée par des proxénètes
Franceinfo a recueilli le témoignage d’une mère de famille dont la fille adolescente a été embrigadée par des proxénètes via les réseaux sociaux.
Par 6Medias
Le cauchemar a commencé en 2016. Hawa (le prénom a été changé) est alors une jeune fille âgée de 15 ans, adepte de mode et élève en seconde. Elle mène la vie banale d’une lycéenne, loin de l’affaire de proxénétisme qui a fait 11 victimes, ouverte ce lundi 25 juin au tribunal correctionnel de Paris, pour laquelle 12 hommes comparaissent. « Elle était souvent sur Internet, mais moi je ne surveillais pas. Je ne me suis pas inquiétée », se souvient sa mère Edwige, sa mère, pour Franceinfo.
Un jour Hawa rencontre un garçon sur les réseaux sociaux. Il lui propose de gagner de l’argent facilement. Elle, qui vit chichement dans une cité d’Île-de-France, y voit un bon moyen de s’enrichir, pour prendre soin d’elle. « Ils lui ont lavé le cerveau. Ils les ont appâtées par la facilité et l’argent vite gagné », commente Edwige auprès de Franceinfo.
Le piège se referme sur la jeune fille
Alors Hawa se laisse tenter, et met le doigt dans l’engrenage. Elle découche une nuit, un week-end, une semaine, puis quitte l’appartement une bonne fois pour toutes. Son proxénète, au début, lui offre du maquillage, des vêtements de marque et des chaussures, relate Franceinfo. Elle se retrouve sur des sites d’annonces comme Vivastreet, Wannonce ou EscortSexe. Les appels se multiplient, Hawa enchaîne les passes, jusqu’à dix par jour, dans des appartements à Paris, Suresnes ou en Belgique.
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Hawa et ses copines ne s’arrêtent jamais. Elles travaillent sept jours sur sept pour toujours moins d’argent. Les cadeaux du début ne sont plus que de lointains souvenirs qui émergent parfois, entre deux prises de cocaïne, que les proxénètes leur distribuent pour qu’elles tiennent le coup. Et les clients passent, se suivent et se ressemblent. « C’était des partouzes. Cela allait dans tous les sens, des vieux messieurs, des gens très fortunés paraît-il », retrace Edwige. Hawa attrape des infections sexuellement transmissibles, avorte à plusieurs reprises, tente de se suicider pour échapper à son cauchemar.
La police intervient
Finalement, un soir, elle s’enfuit avec une autre prostituée. Mais les proxénètes la retrouvent dans son lycée et l’agressent, la menacent, et lui cassent le nez. Des parents alertent alors la police, qui mène l’enquête pendant plusieurs semaines, réalise des écoutes téléphoniques et des surveillances physiques, détaille Franceinfo. Les proxénètes finissent par être interpellés : 12 hommes, âgés de 17 à 30 ans, qui comparaissent pour un procès de dix jours. Les deux organisateurs du réseau sont en détention provisoire.
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Si au départ Hawa voulait porter plainte, elle s’est rétractée. Comme ses anciennes compagnes, elle craint pour sa sécurité. « Ce sont des gens plus forts que vous, donc vous ne pouvez rien », témoigne sa mère. À désormais 17 ans elle tente de panser ses plaies, tant bien que mal. « Elle a des problèmes de santé. Heureusement, ce n’est pas le sida. Elle me dit : Je suis foutue maman, je ne vaux plus rien. Ils ont déglingué plein de jeunes filles. Il y en a une qui est en psychiatrie à cause de ce qu’elle a vécu », termine sa mère.