« Les contribuables américains ne sont pas obligés de payer pour des politiques hostiles à nos valeurs et qui se moquent de la justice et du bon sens », a déclaré Nikki Haley, ambassadrice américaine de l’ONU aux États-Unis. Quant au département d’État, il a jugé que la décision de se retirer de l’UNESCO (United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization) n’avait pas été « prise à la légère » et qu’elle reflétait « les inquiétudes des États-Unis concernant l’accumulation des arriérés à l’UNESCO, la nécessité d’une réforme en profondeur de l’organisation ». Les États-Unis n’ont jamais été très favorables à l’UNESCO, s’étant déjà retirés de l’organisation de 1984 à 2002 sous l’impulsion de Ronald Reagan, lequel fustigeait alors la proximité entre cette dernière et l’ex-URSS. George W. Bush avait fait en sorte que son pays réintègre l’UNESCO, cherchant des soutiens pour intervenir en Irak.
Ce retrait n’est donc en rien une surprise. Il faut, d’ailleurs, le replacer dans un contexte historique récent, les États-Unis ayant suspendu le versement de leur contribution dès 2011, suite à la reconnaissance de la Palestine comme État membre de l’organisation (notons qu’une loi du Congrès interdit le financement de toute entité des Nations unies comprenant en son sein la Palestine). Depuis, les États-Unis avaient perdu leur droit de vote et accumulaient les arriérés de paiement. La décision de Donald Trump se situe donc dans le droit fil de la politique déjà menée sous Barack Obama, peut-être plus brutale sur le plan symbolique.
L’influence arabe sur l’UNESCO a pu irriter Israël et les États-Unis, mais aussi, dernièrement, Vladimir Poutine qui s’en est publiquement inquiété le 12 octobre, sans toutefois aller jusqu’au retrait de la Russie de l’organisation. Ainsi, début mai, Benyamin Netanyahou avait décidé de geler le versement d’un million de dollars prévus au titre de la contribution d’Israël, en guise de protestation contre plusieurs décisions récentes de l’UNESCO relatives à Jérusalem-Est ou à l’esplanade des Mosquées (mont du Temple). Au vu des tensions, on aurait pu attendre un peu de mesure de la part des principaux décisionnaires de l’UNESCO. Que nenni… Le 7 juillet 2017, le comité du Patrimoine mondial de l’UNESCO classait la vieille ville d’Hébron (sud de la Cisjordanie) comme site palestinien « d’une valeur universelle exceptionnelle ».
Bénéficiant des divisions entre les différents pays arabes, Audrey Azoulay a été élue directrice générale de l’UNESCO au début du mois d’octobre. Bien entendu, Emmanuel Macron a poussé un cocorico de circonstance, de même que les instances de l’Union européenne. Il faudrait néanmoins que l’exécutif se pose les bonnes questions, notamment quant à l’utilité d’une structure aussi contestée par des pays de l’envergure des États-Unis ou de la Russie, soumise aux coups de pression de la Ligue arabe et de l’Union africaine, frappée par une crise économique directement causée par une mauvaise gestion, comme l’a relevé le rapport d’audit du commissariat aux comptes de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture.
Pis : selon un rapport émanant du centre de recherches du Congrès des États-Unis, seuls 15 % des programmes prévus seraient aujourd’hui mis en œuvre… En revanche, les salaires et les avantages de la pléthorique administration sont rarement revus à la baisse ! Pourquoi payer autant pour une organisation qui sert régulièrement une idéologie dangereuse, refuge des dictateurs de toutes sortes qui y trouvent un moyen de se blanchir à peu de frais ? Il est temps de revoir nos priorités !