Interrogé par Libération, le « logeur de Daesh » répète qu’il est innocent et raconte sa pesante notoriété.
Relaxé en février dernier après avoir été accusé d’héberger deux terroristes des attentats de Paris et Saint-Denis en novembre 2015, Jawad Bendaoud tente depuis de se faire discret. Il s’est longuement confié à Libération sur sa vie depuis sa sortie de prison.
L’homme de 31 ans vit cloîtré dans une chambre d’hôtel de 6 mètres carrés. En attendant son procès en appel, il peine visiblement à goûter à sa liberté retrouvée : obsédé par son dossier, il continue à clamer son innocence. « Je suis pas un ‘terro’ je vous dis », s’énerve-t-il. « Je vous le jure sur mon fils que je ne savais pas qui était Abaaoud ! »
« Ma vie est foutue… J’aurais foutu ma vie en l’air pour 150 balles ? Franchement… C’est ce que je me faisais en dix minutes en vendant de la coke et du crack. Wallah, je suis pas un putain de terro ! »
Une notoriété difficile à vivre
Jawad Bendaoud avoue que sa soudaine notoriété « lui pèse ». Son quotidien a pris des allures de traque, et il ne sort plus sans dissimuler son visage sous des lunettes noires et une casquette.
« Tout le monde veut me shooter (…) La semaine dernière, j’étais dans une cité de Nanterre en début de soirée », raconte-t-il. « La rumeur a couru que j’étais là. Vingt minutes plus tard, il y avait dix bagnoles de gens voulant me checker ».
Le jeune homme de 31 ans, originaire d’Épinay-sur-Seine, est terrifié à l’idée d’être à nouveau cloué au pilori par l’opinion publique.
« Si t’as besoin d’un dealer ou d’une pute, Jawad est là ! »
Jawad Bendaoud semble cependant n’avoir perdu ni son bagou ni son talent pour les tirades surréalistes. Il souhaite désormais écrire sa biographie : « On pourrait en vendre des milliers ! », se vante-il.
Pendant l’entretien, il demande à s’allumer un joint – « pour se calmer, y’a que ça qui marche »-, et propose dans la foulée son carnet d’adresses au journaliste qui l’interroge : « Si t’as besoin d’une interview avec un dealer, une pute, un trafiquant d’armes, n’oublie pas, Jawad est là ! », rappelle-t-il.
Concernant les filles, il dit ne plus s’y retrouver, entre les photos nues d’inconnues sur Snpachat et les escort-girls qui lui offrent leurs services contre un peu de pub sur Internet : « Les moches, je les ignore. Les autres, je les enregistre dans mon répertoire à T-Max. T-Max parce que c’est des grosses cylindrées ».