« Il faut aller voir un homéopathe, lui demander des faux certificats de contre-indication, il n’y a pas d’autre solution ! Mais il faut tenir sa langue… » Parmi les quelque 300 manifestants venus réclamer la « liberté vaccinale », samedi 9 septembre, sous les fenêtres du ministère de la santé, à Paris, Françoise, une enseignante de 58 ans, expliquait à qui veut l’entendre comment elle a réussi à ne pas faire vacciner ses deux enfants…
Combien sont-ils, chaque année, à choisir comme elle, au nom de la santé de leurs enfants, d’enfreindre la loi et de ne pas faire les trois vaccins jusque-là obligatoires contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTP) ? Aucune étude ne permet de mesurer ce phénomène, très minoritaire et peu documenté, mais « c’est une pratique qui n’est pas si rare que ça », assure la docteure en géopolitique Lucie Guimier, qui a interrogé en 2014-2015 près de 300 parents sur ce sujet en Ardèche et dans l’Ain, dans le cadre de ses travaux de recherche.
Le phénomène pourrait être renforcé par le passage à onze vaccins obligatoires à partir du 1er janvier 2018 et par la décision, annoncée mardi 26 septembre par la ministre de la santé, Agnès Buzyn, de ne pas autoriser de « clause d’exemption » pour les parents les plus réfractaires.
Pour justifier leur désobéissance, ces parents mettent généralement en avant leur peur des effets indésirables graves, notamment liés à la présence d’adjuvants aluminiques. « Ils ont une argumentation très axée sur la défense des libertés individuelles », relève Lucie Guimier. « Parmi eux, on retrouve clairement les deux extrêmes de l’échiquier politique, il y a à la fois des sympathisants de l’extrême gauche écolo et des sympathisants de l’extrême droite ou de la droite dure », ajoute-t-elle.
Deux médecins radiésAlors que des attestations de vaccination sont exigées pour entrer en crèche ou à l’école, ces parents mettent…