Vélo sans casque, tu casques !
Tournant. Depuis le 22 mars, le port du casque est obligatoire pour les enfants de moins de douze ans circulant à vélo, sous peine d’une amende de 135 €. Était-il besoin de légiférer sur cette question ? Les avis sont partagés.
Adieu l’insouciance des escapades à vélo cheveux au vent pour les moins de douze ans. Deux siècles après l’invention de la bicyclette, en 1817, la nouvelle génération de cyclistes tricolores sera la première à pédaler casquée. Depuis le 22 mars, le port d’une protection certifiée est obligatoire pour les 5,5 millions de petits cyclistes, qu’ils soient au guidon ou passagers. Une contrainte de plus, que le gouvernement justifie par la priorité donnée à la protection des « plus vulnérables » ; une liberté en moins, opposent les réfractaires.
Ainsi, la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB) estime que cette obligation, « outre le fait qu’elle ne s’attaque nullement aux causes des accidents, peut induire des comportements à risque chez des jeunes qui se croient ainsi à l’abri de tout choc ». Or sans casque, plus dure est la chute, argumente le législateur, qui souligne : « Les chocs à la tête chez les jeunes enfants peuvent causer des traumatismes plus graves que chez les adultes ou adolescents ».
« Un réflexe acquis »
Mercredi, c’est le jour des enfants, qui manifestement ont autre chose à faire que du vélo sur les quais de Rouen rive droite. Au pied du bateau-pirate, en bas du boulevard des Belges, Thiago, 4 ans, a garé son vélo avec stabilisateurs et l’écusson « police » sur le guidon. Et le casque ? « Ben, là il ne l’a pas parce qu’on est juste de passage, mais normalement il le porte tout le temps », assure la mère, qui s’étrangle à l’idée de risquer une amende forfaitaire de 4e catégorie, soit 135 €. Cette commerciale domiciliée à Préaux, à une quinzaine de kilomètres au nord de Rouen, a pris l’habitude de protéger son fils dès les premières sorties à vélo dans le porte-bébé derrière, à l’âge de dix-huit mois. « En tant que parent, vous le protégez automatiquement. On n’est pas à l’abri d’une chute. » D’autant moins qu’« il y a plus de circulation aujourd’hui », juge la mère de famille, se sentant « de plus en plus en danger sur la route ».
Et justement, les pro-vélo redoutent les effets contre-productifs du port du casque obligatoire, fut-il limité aux moins de douze ans car il laisserait entendre que la bicyclette, c’est dangereux (lire ci-dessous). Jean-François Legrand, gérant d’Electro Scoot, spécialiste du vélo à assistance électrique à Rouen, en redoute les effets dissuasifs alors que « le port du casque, c’était un réflexe acquis dans la tête des parents. Quand j’ai ouvert la boutique en 2008, j’ai vendu douze casques à l’année. Aujourd’hui, c’est trois clients sur quatre qui me le demandent, sachant que l’année dernière, j’ai vendu 223 vélos. Plutôt que de légiférer, il faut faire confiance aux utilisateurs. Une campagne de sensibilisation aurait été bien plus efficace. »
A contrario, Patrice Desmeulle, directeur commercial de Rouen Bike, trouve la mesure « pas inutile du tout ». « Les parents qui font déjà du vélo vont protéger leur enfant ; ceux qui ne portent pas de casque n’ont pas encore le réflexe. Mais ça viendra. C’est au début que ça choque. Après, cela devient phénomène de masse et plus personne ne s’en étonne. » On s’habitue à tout, même à ce qu’il y a de plus moche.
« D’abord un message préventif »
« ÇA SUFFIT ! »
Qui ?
Pourquoi ?
de blessure sérieuse à la tête de 70 %,
le risque de blessure mineure de 31 %
et le risque de blessure au visage de 28 %.
Sandrine GROSJEAN |
Source:: Vélo sans casque, tu casques !