Vernon : en guerre contre incivilités et nuisances
Urbanisme. Des riverains des bords de Seine ont remis une pétition à la mairie de Vernon. Ils protestent contre les incivilités et les nuisances dont ils sont déjà la cible. Selon eux, les aménagements ne devraient rien arranger.
La vue est imprenable depuis la fenêtre. De l’autre côté de la Seine, le vieux moulin et le château des Tourelles sont baignés de lumière. À droite, le pont Clemenceau s’étire tel un ruban métallique de part et d’autre du fleuve.
En revanche, dès que les riverains baissent les yeux au pied de leur immeuble, sur le chemin de halage, l’ambiance est tout autre. « Le soir et la nuit, dès qu’il fait beau, c’est le bazar ! » se plaignent les habitants de la Capitainerie, un bel immeuble, classé bâtiment remarquable (lire par ailleurs).
C’est notamment la raison pour laquelle ils viennent d’adresser une pétition à la mairie de Vernon. « Des gens viennent boire, écouter de la musique fort, quand les haies ne servent pas de lupanar, de pipiroom ou de cacaroom ! » déplorent Thierry Édouard, Annick Rouillard, Michèle Bernard-Brunel ou Daniel Rouland. Sans compter ceux qui s’amusent sur le ponton du bateau école à toute heure de la nuit, générant des nuisances… « On est même obligé de s’équiper en triple vitrage ».
Des voitures ventouse
Le problème des haies dissimulatrices est pour l’instant réglé. Et pour cause. Les végétaux viennent d’être arrachés afin de réaliser des travaux d’aménagements des bords de Seine, voulus par la ville de Vernon pour les valoriser. Un chantier accueilli dans un premier temps avec satisfaction par les riverains… qui ont vite déchanté en découvrant les esquisses lors de la réunion publique de présentation du projet.
Plus de haies mais des gradins en contrebas de leur immeuble, donnant sur la Seine et des bornes wi-fi à la disposition des promeneurs. « Ça va attirer une mauvaise population le soir. Nous allons être victimes de davantage de nuisances », craignent les habitants de La Capitainerie. Ils ont donc demandé le déplacement des gradins de quelques mètres. « Nous souhaitons aussi que le wi fi soit déconnecté le soir mais on nous a répondu qu’il s’agissait d’un lieu public, donc que nous n’avions rien à dire. »
Et dès qu’il va pleuvoir, les gens vont venir se mettre à l’abri sous les porches de l’immeuble… nous allons peut-être être obligés d’installer une barrière pour en interdire l’accès ce qui est dommage car cela va casser la perspective voulue par l’architecte à l’époque de la construction de l’immeuble.
Et ce n’est pas mieux de l’autre côté de l’immeuble. Un parking public y a été aménagé dès sa construction. « Depuis que le stationnement est payant dans Vernon (Ndlr, depuis octobre), nous avons des voitures tampon à longueur de journée devant nos fenêtres. Certains automobilistes sont garés juste devant les allées. Nous avons appelé à plusieurs reprises la police municipale. Le syndic de l’immeuble a même demandé à la Ville de matérialiser les places pour éviter que les voitures s’y garent mais elle n’a pas donné de nouvelles. On se moque de nous ! »
C’est la raison pour laquelle ils ont déposé la pétition, signée par pratiquement l’ensemble des habitants, réclamant à « profiter pleinement de notre espace de vie », « dans un environnement apaisé. »
Interrogé par Paris Normandie, le maire de Vernon, François Ouzilleau (LR), par ailleurs en charge des dossiers d’urbanisme, a convenu que « certaines places de stationnement seront peut-être supprimées mais d’autres créées dans le cadre du boulevard urbain. Les riverains auront toujours accès à leur parcelle. On recréera du stationnement au niveau de la place Chantereine. J’ai bien entendu leurs demandes, Je peux difficilement faire mieux. Je ne peux pas répondre favorablement à toutes leurs requêtes, certaines sont totalement objectives, d’autres un peu plus compliquées » reconnaît le maire, qui ajoute : « On passe d’un environnement avec une végétation dense, mal éclairé, non vidéo surveillée, et à un environnement ou tout sera fait à neuf, propre avec de beaux équipements. Cela va même lui redonner de la valeur. Je vais quand même recevoir le responsable du Syndic et quelques riverains », promet l’élu.
En attendant, certains occupants de la Capitainerie menacent de déménager bien qu’ils soient installés ici depuis parfois des années.