Vidéo protection : zoom à l’échelle Capi
Le conseil de la Communauté d’agglomération porte de l’Isère (Capi) a voté mardi 9 mai une étude visant à évaluer la faisabilité d’un dispositif de vidéoprotection à l’échelle intercommunal.
Il y a une question globale de sécurité. Mais aussi, aux yeux de la majorité, un enjeu économique touchant à l’attractivité même de la Capi.
C’est ce qui l’avait poussée à se lancer dans un dispositif public de vidéo-protection spécifique à la zone d’activité des Chesnes, parc logistique provoquant bien d’illégaux agissements… Au point de refroidir les implantations d’entreprises ? Lancée depuis fin 2015, l’initiative doit en tout cas finir de se concrétiser cette année pour une somme de 600 000 € en partie prise en charge par l’Etat.
Aujourd’hui, l’agglomération veut savoir si elle peut – et comment elle peut – aller plus loin : c’est-à-dire créer un service mutualisé à l’échelle de toute la collectivité. A en croire la majorité, l’idée a séduit : « 15 communes sur 22 se sont déclarées volontaires pour y participer. » D’où cette délibération votée mardi 9 mai sur une étude de faisabilité qui sera menée par un agent communal de l’Isle-d’Abeau mis à la disposition de la Capi du 15 mai au 15 novembre. Il s’agit d’étudier le cadre juridique, réaliser une étude comparée des dispositifs en place ailleurs, de définir différents scenarios possibles en abordant les volets juridiques, techniques et bien sûr financiers. L’objectif est aussi de dresser un état des lieux de ce qui existe.
« Peu de communes sont équipées, observe Patrick Nicole-Williams, maire de Villefontaine et vice-président de l’agglomération délégué à la communication, citoyenneté et sentiment d’appartenance. On trouve des caméras à l’initiative des communes sur La Verpillère, Saint-Chef, l’Isle-d’Abeau. Mais ce sont surtout Bourgoin-Jallieu et Villefontaine qui sont équipées. Ces deux municipalités disposent d’ailleurs d’un CSU (centre de supervision urbain). A terme, plus que de multiplier à tout va les caméras, on peut imaginer un CSU unique à la Capi avec un poste affecté en permanence. Actuellement, à Villefontaine nous n’en avons pas les moyens. C’est aussi le bon moment pour l’agglomération parce que les travaux du plan très haut débit du Département facilitent les possibilités techniques. Beaucoup d’enquêtes sont désormais résolues grâce aux caméras. Chez nous, l’efficacité vient d’une répartition permettant d’enregistrer un itinéraire des malfaiteurs. Les caméras dites du “flux“ sont donc à prioriser. »
L’Etat se décharge-t-il sur les collectivités ?
La Capi pourrait avoir à terme un CSU unique (ici celui de Bourgoin-Jallieu)
Côté opposition, le conseiller communautaire berjallien PS André Borne se dit aussi favorable à l’initiative : « sous notre majorité municipale à Bourgoin-Jallieu, nous avions lancé le développement de la vidéoprotection avec l’idée à terme d’un CSU. Le plan a été poursuivi par la municipalité Chriqui avec des caméras affectées aux espaces publics et la concrétisation du CSU. Bourgoin-Jallieu est la ville centre de la Capi. 20 000 personnes qui n’y habitent pas s’y rendent chaque jour. Il est donc plutôt logique que les coûts de sécurité soient mutualisés. » Seul bémol pour André Borne : « faire attention à la dérive sur l’utilisation, la prioriser pour que ça ne tourne pas à “big brother“. Je note que la commission d’éthique promise à Bourgoin-Jallieu par V. Chriqui n’a toujours pas été créée. »
Une vidéo protection intercommunale, cela aura aussi un coût conséquent quel que soit le scenario au final retenu. Et si l’Etat et la Région aident au financement, le premier, après avoir réduit ses effectifs de police pendant des années, ne se décharge-t-il pas d’une fonction régalienne au détriment des collectivités locales mises au pied du mur, du moins pour celles ayant assez d’argent pour assumer ? D’autre part, si une municipalité dispose du pouvoir de police, ce n’est pas le cas d’une intercommunalité…
« La bonne forme juridique, c’est effectivement une question à laquelle doit répondre l’étude, rappelle P. Nicole-Williams. Je reste convaincu que la vidéo protection assurée par les communes est un renfort des forces de l’ordre. Même si les subventions ont hélas tendance à diminuer. » Même analyse de la part d’André Borne : « On ne peut pas parler de défaillance de l’Etat. C’est un travail pour plus de synergie, une nouvelle relation entre police municipale, nationale et gendarmerie créée. C’est mieux que chacun dans son coin. »
Xavier Alix