Villerupt Après la fusillade : quelles solutions pour davantage de sécurité ?
Plusieurs centaines de personnes ont assisté à la réunion publique organisée mardi soir à l’hôtel de ville de Villerupt un peu plus de deux semaines après la fusillade qui avait fait cinq victimes, dont trois graves, sur fond de règlement de comptes et de trafic de drogue. Objectif : évoquer les suites à donner à cet évènement, et notamment la mobilisation pour le renforcement des effectifs du commissariat de police de la ville, tout en confiant ses émotions liées à cette soirée, dans une forme de catharsis.
Les réactions de peur ont ainsi été nombreuses dans le public, comme par exemple chez les représentants des commerçants de la ville. Et « assez naturellement », il fut question de sécurité, de répression et du nombre d’agents dans les rues. « L’ensemble des policiers font avec les moyens à leur disposition. On connaît les problématiques ici : points de deal, prostitution, marchands de sommeil. Et plus de 12 000 procédures sont non traitées faute de personnel sur la circonscription », expliquait le maire, Pierrick Spizak.
Policiers « locaux »
Les représentants des commissariats de Villerupt et de Mont-Saint-Martin ont assumé de dire publiquement que « la fusion des deux antennes en 2016 fut une erreur. Il faut avoir le courage de le reconnaître. Avant, ici, il y avait 47 agents, trois brigades de nuit, etc. Ce soir, il n’y aura qu’un équipage de trois personnes sur tout le territoire. » Alors tout le monde est prêt à mettre la pression sur le ministère de l’Intérieur pour l’obtention de moyens supplémentaires. Lundi 5 juin, une délégation d’élus locaux se rendra ainsi à Paris pour tenter de faire pression. « Et si ça ne suffit pas, on a prévu une action le 8 juillet afin d’interpeller les pouvoirs publics, car c’est la journée de la police nationale. »
Lors de cette soirée, il fut aussi question des difficultés de fidélisation des policiers après leur affectation à Villerupt. « Il faudrait des recrutements locaux, de gens qui connaissent le terrain. » Idem pour la police municipale. La mise en place de primes et d’aides au logement a été évoquée, tout comme celle d’un Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance. Sans parler de la vidéosurveillance. « Il nous manque la fibre pour la mettre au budget. Et sur cette question aussi, c’est l’État qui bloque. Ça devrait se faire l’an prochain », a précisé Pierrick Spizak.
Des questions
Finalement, il fut peu question de prévention, sauf, par exemple, dans la bouche de la députée Martine Etienne : « La réponse est dans les effectifs de police, oui, mais aussi dans la cohésion sociale, le retour des services publics, l’investissement dans l’éducation, les associations, occuper le terrain. » Parce que « les caméras ne règlent rien. On le voit à Nice, la ville la plus vidéosurveillée en France, ce qui n’empêche pas les attentats et autres faits de délinquance », a souligné Pierre-Alexandre Virgilio, de Thil. Après deux bonnes heures d’échanges, il était temps de conclure.
Marc, éducateur spécialisé dans le Pays-Haut, commentait la réunion publique avec beaucoup d’interrogations : « On réagit encore et toujours sous le coup de l’émotion, sans réfléchir. Et on va proposer quoi aux jeunes à la dérive, toujours plus nombreux en France et ici ? Davantage de répression, de police et de caméras ? On ne s’attaquera une fois de plus pas aux racines des problèmes, c’est-à-dire le déchirement du lien social, l’avenir inquiétant avec la précarité ou le réchauffement climatique, etc. ? Pourquoi il y a des vendeurs de drogues dures ? Parce qu’il y a des acheteurs. Pourquoi il y a de plus en plus d’acheteurs ? La société va mal. Filmer et réprimer ici ne fera que déplacer les faits juste à côté. Ça ne résoudra rien.