Violences à Toulouse : six mois de prison pour un jeune qui a lancé un pavé sur les policiers
Un lycéen de 18 ans a été condamné, ce mercredi 18 avril, en comparution immédiate à une peine de 6 mois de prison dont 3 mois avec sursis pour avoir jeté un pavé sur une voiture de police, lundi soir, quartier Reynerie à Toulouse.
Il s’agissait de la première comparution devant le tribunal correctionnel depuis le déclenchement des émeutes, dimanche soir 15 avril, dans les cités.
Ce garçon, scolarisé au lycée Gallieni en CAP mécanique, a reconnu avoir jeté « un caillou » en direction d’une voiture de police mais nie l’avoir touchée. « Je regrette mon geste. On était plusieurs, certains mettaient des cailloux dans les poches ». La voiture de police a été cabossée avec des dégâts sur le pare-brise.
« immature » et entraîné par un effet de groupe
Le procureur Patrice Michel a requis une condamnation de 8 à 12 mois ferme, qualifiant ces trois jours de heurts de « scandaleux » tout en louant le courage des forces de l’ordre qui « au péril de leur vie interpellent des individus » sur fond d’émeute et dans un contexte « effroyable ». Décrit comme « immature », et visiblement entraîné par un effet de groupe, le prévenu est ressorti libre du tribunal après la plaidoirie de son avocate, Me Olivia Guibert, qui réclamait une peine « juste ».
« Mon client n’est pas là pour remettre en cause l’autorité de la police. Il doit être jugé par rapport à son implication réelle et ne doit pas servir d’exemple. Il ne tenait pas à participer à des échauffourées préméditées ».
Vingt-et une personnes étaient toujours en garde à vue dans le cadre de ces échauffourées avec la police. Certains mis en cause devraient être jugés ce vendredi en comparution immédiate.
C’est dans la nuit de lundi à mardi, que les affrontements entre groupes d’émeutiers et forces de l’ordre ont été les plus violents. En trois jours, dans les cités de Reynerie, Bellefontaine et Bagatelle et même à Blagnac, les policiers ont interpellé 23 personnes pour violences volontaires aggravées, dont six mineurs.
Deux d’entre eux ont été laissés libres mardi soir. De nouveaux incidents ont eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi. 29 véhicules ont été incendiés ainsi que 12 conteneurs à ordures. Près de 60 voitures ont été brûlées au cours de ces trois nuits d’émeutes.
Le point du procureur de la République ce mercredi soir
Le procureur de la République de Toulouse a publié un communiqué ce mercredi soir pour faire le point sur la situation. Nous le publions en intégralité.
« Dans le cadre des violences urbaines qui se sont déroulées dans la nuit du lundi 16 au mardi 17 avril dans les quartiers de reconquête républicaine de la Reynerie, Bagatelle et Bellefontaine à Toulouse, le procureur de la République de Toulouse précise que, sur les 18 personnes interpellées :
– la garde-à-vue de deux mineurs a été levée mardi 17 avril dans la soirée ;
– un jeune majeur a été déféré au parquet le 18 avril dans la matinée en vue de l’audience de comparution immédiate du même jour. Il a été condamné par le tribunal correctionnel à la peine 6 mois d’emprisonnement dont 3 mois assortis du sursis pour les faits de violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique, dégradations de biens publics, participation à un groupement en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destructions ou dégradations de biens ;
– dix autres individus sont présentés par le parquet de Toulouse au juge des libertés et de la détention en vue d’une comparution immédiate vendredi 20 avril 2018 devant le tribunal correctionnel ;
– un jeune homme a été déféré au parquet en vue de la mise en œuvre d’une mesure alternative de composition pénale comportant l’obligation d’accomplir un travail non rémunéré circuit court ainsi qu’un stage valeurs républicaines ;
– quatre mineurs sont présentés par le parquet des mineurs au juge des enfants en vue de leur mise en examen, le parquet ayant pris des réquisitions de placement sous contrôle judiciaire pour trois d’entre eux comportant des interdictions de paraître dans le quartier du Mirail et de placement en détention provisoire pour le 4ème.
A cette heure, six personnes se trouvent toujours en garde-à-vue pour les faits commis dans la nuit du 17 au 18 avril ; ces gardes-à-vue font toutes l’objet de prolongations.
Parmi les éléments déclencheurs de ces violences urbaines, le décès d’un détenu intervenu le 14 avril à la maison d’arrêt de Seysses est évoqué. En effet, un jeune homme âgé de 27 ans, mis en accusation depuis le mois de décembre 2017 devant la Cour d’assises de l’Ain, a été découvert par les surveillants pénitentiaires, samedi dernier, en fin d’après-midi, pendu dans une cellule du quartier disciplinaire. Le parquet de Toulouse a ouvert une enquête en recherche des causes de la mort. Une autopsie a été réalisée dans ce cadre lundi 16 avril 2018 aux termes de laquelle le décès s’avère consécutif à un syndrome asphyxique compatible avec une pendaison. En outre, des lésions superficielles n’ayant pu contribuer au mécanisme du décès ont été observées par le médecin légiste. Les investigations se poursuivent dans le cadre de cette procédure tant sur le plan médico-légal que sur la recherche et l’audition de tout témoin utile. »