Violences conjugales : «On ne peut pas lui dire non…»
Les faits qui valaient à Driss de comparaître hier matin devant le tribunal d’Auch remontent au week-end. Mais les coups, sa conjointe Lila* en reçoit depuis des mois, affirme-t-elle aux gendarmes de Lectoure qui prennent sa déposition.
Tout est parti d’une roue crevée. Driss n’avait pas de clef pour la démonter, il veut prendre la voiture de sa concubine pour aller travailler. Lila en a besoin aussi, et elle dit non. Coup de poing dans la figure. Elle le dit aux gendarmes : «On ne peut pas lui dire non. Après, il s’excuse, il pleure. Et il recommence.» Le samedi, le fils de Lila, âgé de 14 ans, a un accrochage violent avec son beau-père. L’homme disparaît le dimanche, et le lundi, il revient à la maison : il lui faut de l’argent pour réparer la fameuse roue. Il se rend au lieu de travail de Lila lui en réclamer. L’a-t-il bousculée ? L’a-t-il frappée ? Driss assure que non. Deux témoins disent que si. Quand il apprend que Lila est allé déposer plainte, Driss dévaste l’appartement et prend la tangente. Mais il a aussi dérobé de l’argent et des cigarettes à un garagiste qui lui donnait un coup de main, et pillé un sac à main. À la barre, la voix de Driss se brise souvent, il évoque un coup de folie, sa colère face au naufrage de son couple, de toute sa vie. Il regrette, il déplore, il veut réparer. Mais reconnaître les coups, cela, il a du mal… «Comme toujours, c’est la faute de la victime», accuse Me Vasquez. Le Parquet rappelle «une surenchère dans la violence», le passif judiciaire de Driss, les nombreuses condamnations pour des faits de vols, de violences, d’extorsion… Le tribunal ira plus loin que les réquisitions, en condamnant Driss à 18 mois de prison, dont 8 avec sursis et mise à l’épreuve pendant 2 ans, assorti d’un mandat de dépôt.
*Le prénom a été changé